Pollution automobile - Washington et Ottawa seront au diapason, affirme Jim Prentice

Le gouvernement fédéral veut calculer les émissions de gaz à effet de serre par véhicule tandis que Québec a choisi de faire une moyenne du parc automobile d’un constructeur.
Photo: - Le Devoir Le gouvernement fédéral veut calculer les émissions de gaz à effet de serre par véhicule tandis que Québec a choisi de faire une moyenne du parc automobile d’un constructeur.

Ottawa — Jim Prentice est catégorique: les normes de réduction des émissions polluantes des véhicules qui seront mises en application aux États-Unis seront exactement les mêmes au Canada. Et le Québec devra s'adapter, dit-il.

Le ministre de l'Environnement a contredit hier en entretien téléphonique avec Le Devoir des commentaires émis cette fin de semaine par le premier ministre Jean Charest. Ce dernier a déclaré avoir été informé par la responsable de l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA), Lisa Jackson, de l'imminence du dépôt par l'EPA d'un projet de règlement imposant aux constructeurs automobiles des normes de réduction des émissions polluantes des véhicules.

Le président Obama a déjà annoncé en mai un projet du même type — largement inspiré par les normes californiennes —, mais celui-ci est actuellement bloqué devant le Congrès. L'EPA a toutefois l'autorité pour court-circuiter ce blocage, puisqu'elle est chargée de protéger les Américains de la pollution de l'air.

Selon M. Charest, les normes adoptées seront donc essentiellement celles de la Californie, grande inspiration du Règlement québécois sur les émissions de GES pour les véhicules automobiles entré en vigueur à la mi-janvier.

Or, Jim Prentice affirme que la réalité est différente: d'une part, le projet de règlement évoqué par Mme Jackson n'est pas une copie conforme des normes californiennes, dit-il. D'autre part, les normes québécoises et californiennes ne sont pas absolument identiques entre elles, ajoute le ministre, qui a déclenché une véritable tempête le 1er février en qualifiant de «sottise» l'adoption par Québec de son projet de règlement.

Dans un cas comme dans l'autre, les différences ne sont pas immenses, reconnaît M. Prentice, mais il ajoute que les détails comptent dans ce type de dossier.

Peu importe que Washington choisisse la voie législative traditionnelle ou celle de l'EPA, Jim Prentice affirme que les deux pays travailleront de concert pour avoir une norme continentale harmonisée. Il doit d'ailleurs rencontrer Mme Jackson aujourd'hui pour faire avancer le dossier. «Les États-Unis publieront leur projet en mars, nous aussi, et ils seront identiques», a-t-il garanti.

Mais «les normes adoptées ne seront pas identiques à celles de la Californie, et certainement pas à ce qui a été adopté par Québec», a indiqué le ministre. Ce dernier estime qu'il y a des «différences importantes dans la substance et les échéanciers» choisis par Québec, par rapport à ce qu'Ottawa et Washington envisagent.

M. Prentice montre notamment du doigt les méthodes de calcul des limites d'émissions (Ottawa veut calculer l'empreinte véhicule par véhicule, alors que Québec a choisi de faire une moyenne du parc automobile d'un constructeur) et des différences dans la classification des véhicules. «J'espère qu'ils travailleront avec nous pour harmoniser ces normes, a-t-il souhaité. Je crois qu'ils le feront.»

Pas de critique

Cela dit, Jim Prentice a tenté hier de nuancer sa sortie du 1er février. Celle-ci avait provoqué un tollé général au Québec — et chez les partis d'opposition à Ottawa —, plusieurs y voyant l'attaque d'un gouvernement peu enclin à l'action verte face aux initiatives d'un autre gouvernement plus proactif. Jean Charest et sa ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, avaient trouvé «fallacieux» les propos de M. Prentice, accusé d'avoir «endossé totalement le discours du lobby des constructeurs automobiles».

«Je n'ai jamais été critique des efforts faits par Québec, s'est défendu hier Jim Prentice. J'ai toujours été élogieux [...]. Nous travaillons tous pour avoir des normes d'émissions polluantes pour les automobiles. Mais pour que ce soit efficace, il faut que ce soient des normes nord-américaines.»

Regrette-t-il l'emploi du mot «sottise» [folly]? «Je n'ai jamais dit qu'il était mauvais d'adopter des normes. J'ai dit que si chacun des 50 États et chacune des 10 provinces essaient de faire ça séparément, nous aurons des répercussions économiques qui ne sont dans l'intérêt de personne. À la fin, nous devons travailler tous ensemble.»

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