Les Algonquins veulent bloquer le projet Osisko, à Malartic

Invoquant leurs droits ancestraux, les Algonquins d'Abitibi-Témiscamingue menacent de bloquer le projet de mine à ciel ouvert de la société Osisko à Malartic.

Se disant outrés que ce projet d'un milliard de dollars ait reçu le feu vert du gouvernement Charest — officiellement le 19 août dernier — sans qu'ils aient été consultés, les chefs du Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabeg ont annoncé hier qu'ils prendraient des moyens légaux pour empêcher le début de l'exploitation de la mine, prévu pour le printemps 2011.

La nation algonquine soutient que la mine à ciel ouvert, qui sera creusée au sein même de la ville de Malartic, se situe sur leurs terres ancestrales. «Ce territoire nous a été confié par le Créateur depuis des temps immémoriaux et n'a jamais été cédé, transféré, abandonné ou vendu, que ce soit par traité, vente ou capitulation. Tout geste visant à y prélever des ressources naturelles constitue une agression envers notre peuple et nos droits», affirme le grand chef du Conseil tribal, Lucien Wabanonik, dans un communiqué.

Les Algonquins s'appuient sur des arrêts rendus par la Cour suprême en faveur des communautés de Tlingit, de Taku River et de Haïda, en Colombie-Britannique. Dans l'arrêt Haïda, la Cour statuait que les gouvernements ont une «obligation constitutionnelle de consulter et d'accommoder les autochtones» relativement à l'exploitation des ressources naturelles sur leurs terres ancestrales.

Au cabinet du ministre responsable des Affaires autochtones, Pierre Corbeil, on a confirmé qu'aucune consultation n'avait eu lieu avec la nation algonquine Anishinabeg au sujet du projet d'Osisko. «Nous souhaitons l'ouverture et le dialogue», a pourtant fait valoir hier son attachée de presse, Hélène Sauvageau.

Pierre Corbeil n'a jamais parlé au grand chef Wabanonik du projet d'Osisko, mais il était toutefois sur la tribune lors de l'annonce de son lancement, le 20 août dernier, en sa qualité de ministre responsable de la région. Soulignons également que M. Corbeil montre un vif intérêt pour le domaine minier: trois mois seulement après sa défaite électorale de mars 2007, il siégeait au conseil d'administration de la société minière Canadian Royalties, une compagnie qui entretenait des relations avec le ministère des Ressources naturelles que le candidat malheureux venait d'abandonner.

Du côté d'Osisko, on a indiqué hier que les travaux de construction se poursuivaient comme prévu. «Osisko ne peut se substituer au gouvernement relativement aux enjeux soulevés par les Algonquins», a indiqué hier le président d'Osisko, Sean Roosen, dans un communiqué.

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