Un code d'éthique pour disposer des déchets électroniques

Les industriels qui ont participé avec Recyc-Québec à la mise au point d'une stratégie de récupération des déchets électroniques en 2007 ont recommandé au gouvernement Charest de mettre en place une «certification environnementale» à l'intention des récupérateurs et recycleurs pour contrôler leur destination finale.

Comme plusieurs groupes sociaux et environnementaux, les industriels du secteur estiment que les recycleurs de déchets électroniques ne doivent sous aucun prétexte exporter ces produits souvent toxiques vers des bidonville de pays en voie de développement où ils seront souvent détruits par des enfants ou des travailleurs sans protection ni connaissance des dangers qu'ils courent.

C'est ce qu'a confirmé au Devoir la porte-parole de Recyc-Québec, Johanne Riverin, qui a précisé que «cette préoccupation s'est retrouvée au coeur du débat sur les termes d'un futur règlement» entre les différents acteurs de l'industrie en 2007.

Dans son bilan Geo4 sur l'état de la planète publié l'automne dernier, l'ONU évaluait à 50 millions de tonnes par année la quantité de déchets électroniques: téléviseurs, amplificateurs, lecteurs, téléphones cellulaires, ordinateurs et périphériques, etc. Selon le rapport onusien, 90 % de tous ces déchets se retrouvent en Asie, dont une grande partie en Inde, où des gens sans protection les brûlent souvent dans la rue pour en récupérer le cuivre ou les métaux précieux, sans savoir que la combustion des plastiques et composantes électroniques émet des molécules hautement toxiques, comme du mercure, du plomb, etc.

Tous ceux qui ont participé aux travaux de ce que Recyc-Québec appelle la «Filière sur les résidus des appareils des technologies de l'information et des communications» auraient convenu, affirme Mme Riverin, que ces «quasi-déchets dangereux» ne peuvent pas simplement être récupérés mais qu'il faut aussi s'assurer de leur destination finale afin qu'elle soit «compatible avec les exigences de la protection de l'environnement et des travailleurs».

Cette semaine, le quotidien La Presse révélait que Québec prépare un règlement pour obliger les producteurs, distributeurs et vendeurs d'appareils électroniques à mettre en place un système de récupération afin de les recycler ou de les éliminer sécuritairement. En ce moment, près de 60 % de ces appareils finissent au dépotoir. De 6 % présentement, la récupération de ces appareils devrait atteindre 35 % dès la première année du nouveau système et augmenter ensuite de 15 % par année.

Présentement, explique la porte-parole de Recyc-Québec, l'usine XStrata, de Belledune au Nouveau-Brunswick, récupère le plomb des équipements comme certains écrans cathodiques. Une autre filiale du groupe Noranda, soit l'ancienne raffinerie de cuivre de Rouyn-Noranda, recycle de son côté des milliers de tonnes de composantes électroniques qui lui parviennent d'aussi loin que les États-Unis. Tonne pour tonne, la Noranda extrait plus de métaux précieux de ces déchets électroniques que du minerai qu'elle traitait auparavant.

Le Québec, ajoute la porte-parole Johanne Riverin, a tout intérêt à adopter la politique de «responsabilité élargie du producteur» que l'Union européenne a coulé dans sa directive qui restreint l'usage des substances dangereuses dans les produits de consommation. La simple existence de cette norme de conception, qui interdit l'utilisation de métaux lourds toxiques dans les composantes électroniques ou de retardants pour les flammes dans les plastiques des boîtiers, aurait pour effet d'inciter plusieurs manufacturiers à standardiser la production de produits plus acceptables et de les mettre aussi en vente de ce côté-ci de l'Atlantique.

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