Sables bitumineux - Les écologistes en campagne contre le pétrole albertain
Quatre groupes écologistes vont contester ce matin devant les tribunaux l'autorisation accordée par Ottawa et Regina au projet Kearl d'extraction de pétrole des sables bitumineux par Imperial Oil.
La poursuite alléguera que l'évaluation environnementale du projet Kearl est tout simplement illégale, car elle aurait été complaisante et aurait fait fi des règles strictes de l'évaluation environnementale.Sean Nixon, procureur pour Ecojustice, qui représente les quatre groupes, soutiendra que «l'approbation de ce projet a été accordée sur la base d'un rapport complaisant par la commission conjointe chargée de l'évaluer, car ses conclusions se basent sur des mesures dont l'efficacité n'a pas été démontrée aux fins de protéger l'environnement, le paysage, la faune et le climat. Notre poursuite a pour objectif de faire en sorte que le projet soit minimalement évalué en fonction des critères prévus par la loi avant d'obtenir un feu vert.»
«Le projet Kearl, ajoute Chris Severson-Baker de l'Institut Pembina, va décaper la forêt boréale sur 200 kilomètres carrés, soit 20 000 stades de football, et laisser derrière lui des étangs remplis de déchets miniers toxiques si vastes qu'ils sont visibles de l'espace. C'est impensable que la commission conjointe ait pu soutenir que les impacts environnementaux d'un pareil projet sont négligeables.»
Le projet engendrera par ailleurs des émissions de gaz à effet de serre équivalant aux rejets de 800 000 nouvelles voitures sur les routes.
Les groupes à l'origine de cette poursuite sont, outre le Pembina, le Sierra Club du Canada, la société Toxic Watch de l'Alberta et la coalition contre les pluies acides des Prairies.
L'annonce de cette poursuite survient au moment où le premier ministre albertain, Ed Stelmach, est en visite à Washington pour convaincre les Américains que le pétrole de sa province n'est pas la plaie environnementale que l'on dit.
Le premier ministre albertain tente notamment de faire contrepoids à la campagne que vient de lancer le plus important groupe environnemental des États-Unis, le Natural Resources Defence Council (NRDC), qui ciblera les société aériennes qui s'approvisionnent en pétrole de l'Alberta. Ce pétrole serait six fois plus polluant et riche en GES que le pétrole du Moyen-Orient ou du Venezuela.
La campagne du NRDC cible tout particulièrement United Airlines et American Airlines mais aussi Air Canada, Alaskan Airlines, Delta, FedEx Express, Skywest et WestJet. Cette campagne vise aussi à décourager ces sociétés commerciales d'utiliser le pétrole synthétique extrait du charbon, ce que les sociétés pétrolières présentent comme la version propre du charbon (clean coal).