Le Suroît - Un parc d'éoliennes serait plus rentable qu'une centrale

Les scientifiques d'Hydro-Québec, regroupés dans l'Institut de recherche en électricité du Québec (IREQ), ont proposé hier à la commission du BAPE chargée d'évaluer le projet de centrale thermique de 800 MW du Suroît, près de Beauharnois, de remplacer cet équipement polluant et perturbateur du climat par un parc d'éoliennes de 2100 MW.

Ce projet alternatif, ont-ils démontré, coûterait plus cher en investissement initial, soit 2,4 milliards contre 550 millions pour la centrale thermique du Suroît. Mais comme le vent est gratuit et le demeurera alors que le gaz naturel ne l'est pas et qu'il pourrait bien faire l'objet de sérieuses flambées, le coût de revient final à long terme de l'énergie éolienne se situerait à 4,4 ¢ du kWh, soit sensiblement moins que les 6 ¢ du projet du Suroît. L'économie nette atteindrait 1,5 milliard sur 20 ans.

Le mémoire du SPSI attribue d'ailleurs à la segmentation artificielle d'Hydro-Québec la difficulté qu'éprouve la société d'État à mettre en valeur le potentiel éolien du Québec ainsi que celui de l'efficacité énergétique. Les chercheurs, qui réclament eux aussi le rejet du Suroît, estiment qu'avant de lancer de nouveaux projets de production, même éoliens, la société d'État doit «faire le plein» des économies d'énergie disponibles au Québec parce qu'elles demeurent «la meilleure façon de reporter la construction et la mise en service de nouvelles unités de production».

L'Association de l'industrie électrique du Québec a pour sa part appuyé hier le projet du Suroît. Le thermique, affirmait l'AIEQ, est «un deuxième choix, mais un choix inévitable» compte tenu de la difficulté de lancer des projets hydroélectriques. Les industriels ont reçu hier un appui surprenant du Groupe de recherche en macroécologie (GRAME), pour qui le projet du Suroît constitue un «recul environnemental résultant de la psychose anti-hydroélectricité».

Le mouvement Greenpeace réfutait hier les allégations d'Hydro-Québec, qui affirme pouvoir utiliser ses crédits d'émissions de gaz à effet de serre (GES), qu'elle attribue à ses exportations d'électricité, pour éponger le relèvement de 3 % des GES dans la province en raison de son projet. Pour Greenpeace, ces exportations ne peuvent donner lieu au moindre crédit de GES car le protocole de Kyoto ne reconnaît que les crédits échangés entre partenaires du protocole, ce qui n'est pas le cas des États-Unis. Quant aux crédits pour exportation «d'énergie propre» réclamés par le Canada, les appuis à cette proposition sont si minces que la proposition canadienne risque fort d'être rejetée à New Delhi dans deux semaines, selon Greenpeace.

Pour Environnement Jeunesse, le Québec joue avec l'avenir de la planète et de son bilan de GES en augmentant maintenant ses émissions de gaz à effet de serre, ce qui fera disparaître son avantage puisqu'il faudra d'ici 10 ans convenir d'objectifs de réduction encore plus draconiens qui seront alors plus difficiles et coûteux à atteindre. Une société d'État, ajoutent les jeunes, doit «tout mettre en oeuvre» pour rejoindre le courant international qui tente de renverser «les tendances destructrices de l'humanité» actuelle.

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