Kodak: la transition vers le numérique passe par des licenciements massifs

L’un des bureaux de Kodak en Europe, à Chalon-sur-Saône, en France.
Photo: Agence France-Presse (photo) L’un des bureaux de Kodak en Europe, à Chalon-sur-Saône, en France.

New York — Le groupe d'imagerie américain Eastman Kodak, qui a tardé à s'adapter à l'avènement de la photo numérique, compte supprimer jusqu'à 25 000 emplois au lieu d'un maximum de 15 000 prévu jusqu'alors.

Accélérant le programme de restructuration annoncé en janvier 2004, le groupe envisage désormais de supprimer «entre 22 000 et 25 000» postes afin d'économiser jusqu'à 1,8 milliard $US par an sur ses coûts fixes lorsque ce plan sera finalisé, a-t-il annoncé hier.

L'objectif est d'être compétitif «de manière rentable» sur le marché de la photo numérique d'ici à la mi-2007, et pour ce faire, le désengagement du coeur de métier historique, à savoir la photographie traditionnelle, n'était pas suffisant jusqu'alors.

Fermetures de bureaux

La restructuration se traduira par des fermetures de bureaux [non précisées] puisque les capacités industrielles doivent être réduites au total à un tiers de ce qu'elles étaient en janvier 2004, a ajouté le groupe dans un communiqué.

Au deuxième trimestre Kodak a dû déplorer une perte nette similaire à celle du premier, sur fond de chiffres d'affaires en stagnation. Les deux grandes activités — argentique et numérique — ont généré chacune des recettes de 1,84 milliard au 2e trimestre.

Mais pour la première cela représente une baisse de 15 % sur un an, contre un bond de 43 % pour la seconde, l'activité d'avenir à laquelle Kodak veut désormais consacrer ses ressources. Par effet d'entraînement, comme les consommateurs achètent moins de films argentiques, les recettes liées au développement sur papier baissent également beaucoup plus vite que prévu.

«Notre démarrage décevant au premier semestre de cette année oblige à se rendre à l'évidence: j'ai besoin de procéder à des changements et de les faire maintenant», a déclaré le p.-d.g. Antonio Perez, qui avait remplacé Daniel Carp au printemps.

Concrètement, la fabrication sera le secteur le plus touché par les nouveaux licenciements, avec 7000 suppressions d'emplois en plus, alors que les services de ventes et d'administration connaîtront quelque 2300 suppressions de postes supplémentaires.

La restructuration annoncée début 2004 pour la «transition» vers le numérique était presque finalisée: au 30 juin cette année, 13 475 emplois avaient été supprimés, sur les 15 000 prévus, a précisé le groupe. Kodak employait quelque 55 000 personnes fin 2004.

Perte massive

Sur l'ensemble du premier semestre 2005, le groupe — fondé par George Eastman à la fin du XIXe siècle — a affiché une perte nette de 288 millions, contre un bénéfice de 157 millions sur la même période de 2004. Mais les indemnités de départ devraient peser encore à l'avenir sur la rentabilité.

Au total les provisions passées dans les comptes pour financer la restructuration atteindront entre 2,7 et 3 milliards , contre un coût maximum de 1,7 milliard prévu en janvier 2004.

Hier, l'action Kodak perdait 7,65 % à 26,54 $ à la Bourse de New York. Elle valait encore plus de 30 dollars avant la présentation des résultats du premier trimestre, fin avril, lorsque la direction s'était déjà dite «déçue» par les performances.

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