Budget de l'Union européenne - Paris adopte la ligne dure face à la Grande-Bretagne

Source: GERARD CERLES AFP
Le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy (à gauche) discutant avec le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw. La France refuse un compromis sur le prochain budget européen.
Photo: Source: GERARD CERLES AFP Le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy (à gauche) discutant avec le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw. La France refuse un compromis sur le prochain budget européen.

Bruxelles — La France a adopté une ligne dure hier en réponse aux démarches entreprises par la Grande-Bretagne pour tenter de trouver, pendant ses six mois à la présidence de l'Union, un compromis sur le prochain budget européen.

Londres avait bloqué, au sommet européen du mois dernier, un accord sur le nouveau budget 2007-2013, exigeant en échange d'une baisse du rabais annuel dont la Grande-Bretagne bénéficie sur le budget communautaire un engagement sur une réforme de la Politique agricole commune (PAC) et sur une réduction des subventions agricoles.

Selon des diplomates, le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, a déclaré hier à ses homologues réunis à Bruxelles qu'il engagerait des consultations informelles durant l'été en vue de relancer les négociations en novembre.

Ce à quoi le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a répondu que Paris n'accepterait aucune révision anticipée des priorités budgétaires de l'Union, et que le projet de budget convenu sous la précédente présidence du Luxembourg devait servir de base à toute nouvelle négociation.

La Grande-Bretagne a pris le 1er juillet et pour six mois la présidente tournante de l'UE.

Philippe Douste-Blazy a ajouté qu'aux yeux de la France, le réexamen fondamental des dépenses communautaires devait commencer en 2010 pour une application dans le budget quinquennal suivant (2014-2020), et que toutes les réformes avant cette date n'étaient pas sérieuses.

Ses propos font écho à ceux du président français Jacques Chirac, qui a de nouveau écarté lors de son interview du 14 juillet la moindre concession sur la PAC, dont la France est la principale bénéficiaire.

Le chef de la diplomatie française a ajouté que 20 pays avaient accepté la proposition du Luxembourg, et que 24 la considérait comme une base sérieuse pour un accord. Il a également fait savoir qu'il comptait se rendre dans les nouveaux pays membres d'Europe de l'Est et d'Europe centrale en septembre et octobre pour y défendre la position française et l'idée que l'ensemble des anciens membres de l'Union à 15 — Grande-Bretagne incluse — devaient participer de manière équitable à l'élargissement de l'Union.

Straw a déjà indiqué que la «ristourne» britannique obtenue par Margaret Thatcher en 1984 pouvait faire l'objet de négociations, et que la Grande-Bretange était prête à s'acquitter de sa pleine part du coût de l'élargissement, à condition qu'un engagement soit pris sur une rediscussion des dépenses communautaires, notamment des subventions agricoles dès 2008, avec à la clé une baisse des dépenses agricoles durant la deuxième moitié de la période budgétaire 2007-2013. Or ces subventions sont sanctuarisées jusqu'en 2013 par un accord conclu en 2002. Philippe Douste-Blazy a répété que tous les leaders européens, dont le Premier ministre britannique Tony Blair, avaient signé l'accord de 2002.

Paris veut un rééquilibrage des négociations de Doha

La France a également exhorté hier l'UE à prendre des mesures urgentes pour rééquilibrer les négociations sur la libéralisation du commerce mondial, en liant toute concession sur l'agriculture à des progrès sur les tarifs douaniers dans l'industrie et sur l'accès aux marchés des services.

Philippe Douste-Blazy a déclaré au cours d'une conférence de presse, à l'issue de la rencontre des ministres européens des Affaires étrangères, que la France était préoccupée par un déséquilibre persistant dans les négociations au détriment des intérêts européens.

L'Europe, a-t-il ajouté, ne devrait pas faire de concessions sans être payée en retour.

Dans un communiqué commun, les ministres ont indiqué que l'UE attendait de ses partenaires des efforts parallèles à travers toutes les négociations mondiales (du cycle de Doha) afin de parvenir à unr résultat équilibré.

À voir en vidéo