Emily: les craintes tombent, le prix du pétrole aussi

Henry Romero Reuters
Le vent a même fait plier les palmiers, hier à Playa Del Carmen, au Mexique.
Photo: Henry Romero Reuters Le vent a même fait plier les palmiers, hier à Playa Del Carmen, au Mexique.

Londres — Après un début de séance ferme, les prix du pétrole ont battu en retraite hier en raison d'une dissipation des inquiétudes sur le cyclone Emily, qui devrait épargner les installations pétrolières appartenant aux États-Unis dans le golfe du Mexique.

À New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en août reculait de 89 ¢ à 57,20 dollars vers 16H15 GMT (18H15 à Paris), tandis qu'à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord perdait 76 ¢ à 56,85 $US sur l'échéance septembre.

Les cours avaient entamé la journée en hausse en raison d'incertitudes sur la trajectoire du cyclone Emily, qui risquait de dévier plus au nord sur l'État américain du Texas, où se concentre un grand nombre de plateformes et de raffineries.

Mais Emily paraissait finalement se maintenir sur sa trajectoire initiale, qui devrait le conduire sur la côte mexicaine d'ici ce soir, selon le Centre national des ouragans (NHC) basé à Miami, en Floride.

«Nous considérons que l'ouragan Emily ne va pas toucher la partie sud des États-Unis, mais bien le Mexique», a indiqué un opérateur de marché sous couvert de l'anonymat.

«Même s'il y a probablement eu quelques interruptions de production, les dommages sont loin d'être aussi sérieux qu'on ne le craignait», a-t-il ajouté.

«C'est vraiment ce qui a calmé le marché», a conclu ce courtier, notant que «les États-Unis sont vraiment bien approvisionnés à l'heure actuelle».

Deuxième cyclone de la saison après Dennis dans l'Atlantique, Emily, qui est entré hier dans le golfe du Mexique, est classé en catégorie 2 sur l'échelle Saffir-Simpson qui en compte 5.

Mais selon le NHC, il «devrait reprendre de la puissance» et «devenir un ouragan majeur avant d'atteindre la côte» mexicaine ce soir. Le cyclone a déjà fait huit morts.

Si les installations pétrolières américaines devraient échapper à l'ouragan, celles du Mexique ont déjà été touchées.

La compagnie pétrolière mexicaine Pemex a évacué la plupart de son personnel sur ses plateformes offshore, et interrompu la majorité de la production sur le site de Campeche Sound, qui fournit 80 % de l'offre mexicaine.

Le Mexique est le cinquième producteur mondial de pétrole, avec 3,44 millions de barils par jour (mbj). Il est aussi le neuvième exportateur mondial.

«Le marché est désormais en train d'évaluer l'ampleur de l'impact de l'ouragan, et de calculer combien de temps la production sera arrêtée», note toutefois Sam Tilley, analyste à la maison de courtage Sucden. «L'interruption va probablement ralentir les niveaux d'importation aux États-Unis et éroder les niveaux des stocks», prévient cet analyste.

Un autre facteur expliquant le repli des cours est, selon les analystes, les dernières estimations de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sur la demande mondiale. Dans son rapport mensuel publié hier, le cartel a révisé en baisse de 600 000 barils par jour ses prévisions de croissance de la demande aux troisième et quatrième trimestres. Sur l'ensemble de l'année, l'OPEP anticipe désormais une hausse de la demande de 1,62 mbj, soit 2 %. Pour 2006, l'OPEP prédit une croissance de 1,54 mbj, soit 1,85 %, des chiffres inférieurs à ceux de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui table sur une progression de la demande de 1,75 mbj, soit 2,1 %, l'an prochain.

Par ailleurs, les investisseurs estimaient que la grève de 15 000 salariés de la Compagnie pétrolière du sud (SOC) de l'Irak qui a eu lieu dimanche ne devrait pas affecter la production pétrolière de Bagdad.

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