États-Unis - Les signaux sont au vert

Washington — Les signaux sont au vert pour l'économie américaine, qui a fait état hier d'une inflation maîtrisée et d'une consommation vigoureuse.

Le gouvernement américain a publié deux chiffres pour le mois de juin jugés excellents par les analystes: d'abord une surprenante stabilité des prix à la consommation, ensuite un bond inattendu de 1,7 % des ventes de détail. «Cela prouve que l'économie américaine connaît une croissance raisonnablement rapide, mais sans le risque concomitant d'accélération de l'inflation», souligne Drew Matus de la banque Lehman Brothers.

Le plus surprenant, aux yeux des analystes, vient de la stabilité des prix à la consommation, tirés à la baisse par le recul des prix de l'énergie. L'inflation «de base» elle-même, mesurée hors alimentation et énergie qui sont deux éléments particulièrement fluctuants, n'a atteint que 0,1 % en juin et 2 % sur un an.

«L'inflation semble s'effacer. L'indice des prix à la consommation a été étonnamment faible en juin, et les détails sont encore plus impressionnants», souligne l'économiste indépendant Joel Naroff. En effet, la majorité des secteurs ont vu leurs prix décliner en juin: l'énergie (-0,5 %), les vêtements, les transports, les loisirs.

Signal important

Même s'il est trop tôt pour tirer des conclusion définitives, l'affaiblissement des tensions inflationnistes depuis trois mois constitue un signal important pour la Réserve fédérale (Fed), qui avait fait de l'inflation son inquiétude numéro un ces derniers mois, et relevé neuf fois ses taux d'intérêt. Son principal taux directeur est pour le moment fixé à 3,25 %, et elle a largement balisé le terrain pour une nouvelle hausse de 0,25 point en août. Mais «la Fed va sans doute arrêter de relever ses taux au second semestre», estime Stephen Gallagher de la Société générale.

Si un emballement des prix n'est plus à craindre et que, par ailleurs, la croissance avance sans surchauffe, la banque centrale pourra en effet décider que ses taux ont atteint un niveau d'équilibre.

Or, du côté de la croissance les nouvelles sont également bonnes, car la consommation, principal moteur de l'économie américaine, reste très vigoureuse. Les ventes de détail ont bondi de 1,7 % en juin, dopées par les rabais de General Motors dans le secteur automobile. Hors automobile, la hausse a atteint 0,7 %, ce qui reste bien au-dessus des attentes des analystes. La surprise est d'autant plus forte que les chiffres du mois précédent ont été révisés à la hausse.

Pour les analystes, il faut notamment chercher l'explication du côté du marché du travail, où le taux de chômage a baissé à 5 % le mois dernier. «L'amélioration du marché de l'emploi renfloue le portefeuille des consommateurs. Mais ce n'est que la moitié de l'histoire: les revenus ont augmenté de près de 6 % en un an avec les taux d'intérêt, les dividendes boursiers et les salaires», souligne Gina Martin du groupe Wachovia.

Du coup, les prévisions de croissance s'en trouvent relevées et le deuxième trimestre devrait être moins morose que prévu. Déjà mardi, les économistes avaient été incités à relever leurs prévisions de croissance face à la contraction inattendue du déficit commercial.

La spectaculaire révision à la baisse du déficit budgétaire 2005 faite mercredi par la Maison Blanche (333 milliards de dollars contre 427 attendus précédemment) devrait aussi rassurer les marchés sur la santé de l'économie américaine.

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