Comment devenir un vrai nomade numérique

Lever les feutres de son bureau à la maison pour travailler à partir de contrées lointaines attire. Plus de 35 millions de personnes travaillent à distance. Tenté, vous aussi, par une conciliation travail-voyage ? Tour d’horizon pour la réussite de votre nomadisme moderne.
Bien choisir son « où » et son « comment »
Le choix de destinations accommodantes pour ceux qui rêvent d’un bureau à la plage ne manque pas.. Pas moins de 40 pays offrent des visas de nomades numériques ou un équivalent, avec des tarifs et des durées de séjour plus ou moins longues. La plupart exigent une preuve d’assurance voyage de même qu’un coussin financier suffisant pour subsister durant la totalité du passage.
Pour bien choisir sa destination, la plateforme Nomad List compile en ligne les meilleures villes pour les nomades, déclinant chacune d’entre elles en fonction de ses avantages financiers, logistiques et météorologiques.
Rester dans le même fuseau horaire permet de garder un contact avec son bureau fixe ou ses clients — que l’on soit à son compte ou employé — sans devoir se lever à des heures impossibles. Pour cette raison, les États-Unis et l’Amérique latine se présentent comme des endroits de choix pour les Québécois. Le Mexique, le Costa Rica, le Panama et l’Équateur émergent ainsi comme des destinations de prédilection. Bien accumuler ses points Aéroplan permet aussi d’aller plus loin, plus longtemps, plus souvent.
Sinon, pourquoi ne pas choisir le Québec ? De plus en plus d’hébergements temporaires bien d’ici offrent des formules adaptées aux nomades. Près de 100 espaces de bureaux partagés sont aussi répertoriés sur le site de Coworking Québec: une bonne façon de briser l’isolement qui vient parfois avec la vie sans domicile fixe, ainsi que d’économiser sur les billets d’avion et la logistique tout en changeant d’air.
Assurer ses arrières pour aller de l’avant
Puisque vous finirez un jour par revenir, assurez-vous de rester admissible à l’assurance maladie du Québec. Il faut demeurer au moins six mois au Québec pour conserver ce privilège.
Vous pouvez vous absenter du Québec plus de six mois d’une même année civile sans perdre votre admissibilité à l’assurance maladie une fois tous les sept ans. Cette absence, que le gouvernement nomme l’année septennale, est autorisée pour des raisons personnelles.
Quid des blessures d’un salarié lors de cette conciliation travail-voyage ? « Normalement, la loi s’appliquerait quand même, parce qu’il est en train de travailler, même si ce n’est pas en sol québécois. Le risque est élevé de la part d’un employeur », remarque José Lemay-Leclerc, président de Télétravail Québec.
Nomadisme numérique:
Savoir prioriser
Voyager prend du temps. Trouver un logement, établir des repères, former des amitiés sur place demande de la patience. Puisqu’il faut bien souvent se rendre disponible en tout temps, il vaut mieux espacer les moments où l’on plie bagage afin de conserver une certaine stabilité d’horaire. Se trouver un remplaçant quand on est en vol et aviser ses clients évite bien des tracas.
Les attentes des employés deviennent de plus en plus « à la tâche », ce qui vous permet une flexibilité sur les horaires. Prioriser sa prestation de travail pour les résultats voulus assure un bel équilibre entre son emploi et les loisirs du voyage.
Si l’on veut combiner son nomadisme avec une vie de travailleur autonome, il faut prévoir de longs moments de travail intense avant de bâtir une clientèle fidèle. Impossible d’édifier sa propre entreprise si l’on ne passe que quelques semaines à la fois à la même place. Également, pour bien profiter du pays visité, séjourner au moins un mois au même endroit est un bon départ.
« Des limites claires » de la part des patrons
Les employeurs doivent aussi se préparer à cette nouvelle réalité dans le monde du travail, conseille José Lemay-Leclerc. « Cela prend vraiment des limites claires. Sinon, il peut y avoir une erreur qui va vraiment déranger l’équipe. »
Délimiter la période dans l’année et le nombre de semaines ou de mois où l’on permet le nomadisme établit de premières balises. Combiner un voyage d’affaires avec un voyage de plaisance peut aussi être une excellente façon de joindre l’utile à l’agréable. Encore faut-il définir qui paie pour le voyage si le billet d’avion de retour est repoussé de quelques jours.
Assurer une équité entre les différents employés est aussi essentiel pour garder son équipe sur la bonne voie, observe José Lemay-Leclerc. « Il faut penser à ceux qui ne peuvent pas. Il y a des familles qui ne peuvent pas se le permettre. Ils vont trouver ça long, de voir les fonds d’écran de plages… »
Une entreprise peut même acheter un hébergement outre-mer pour y loger temporairement ses employés, une solution clés en main pour faciliter le nomadisme de ses employés. Après tout, le plus important, c’est de pouvoir en profiter !