La Chine restreint les exportations de deux métaux indispensables aux semi-conducteurs

Un employé vérifie un panneau d’affichage sur lequel on peut voir une puce et le mot chinois pour « indépendance » lors d’une conférence sur l’intelligence artificielle tenue à Shanghai le 5 juillet 2023.
Ng Han Guan Associated Press Un employé vérifie un panneau d’affichage sur lequel on peut voir une puce et le mot chinois pour « indépendance » lors d’une conférence sur l’intelligence artificielle tenue à Shanghai le 5 juillet 2023.

La Chine impose depuis mardi des restrictions aux exportations de deux métaux indispensables aux semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur, une décision largement perçue comme des représailles aux mesures prises par Washington à l’encontre de son secteur technologique.

Le gouvernement Biden a multiplié ces derniers mois les mesures pour restreindre l’accès des entreprises chinoises aux semi-conducteurs les plus avancés, au nom de la « sécurité nationale ».

La Chine, qui cherche à devenir autonome dans la conception de semi-conducteurs, estime que ces mesures visent à maintenir la suprématie des Américains dans ce domaine.

Hautement stratégiques, les micropuces sont essentielles à la production d’une multitude d’appareils électroniques, des machines à café aux voitures électriques en passant par les téléphones intelligents, et sont aussi présentes dans l’armement.

Selon une directive du ministère du Commerce, les exportateurs chinois de gallium et de germanium doivent dorénavant obtenir une licence.

 

Ils devront fournir des informations sur le destinataire final et en notifier l’utilisation, précise ce document de juillet qui entrait en vigueur mardi.

La Chine représente 94 % de la production mondiale de gallium, présent notamment dans les circuits intégrés, les DEL et les panneaux photovoltaïques, d’après un rapport de l’Union européenne publié cette année.

Quant au germanium, indispensable pour les fibres optiques et l’infrarouge, 83 % de la production de cet élément provient également de la Chine.

Un « message clair »

Il s’agit d’un « message clair », « sans ambiguïté », adressé aux Américains, estime l’analyste James Kennedy, du cabinet Three Consulting, tempérant toutefois la portée d’une mesure avant tout politique.

Elle « vise à causer un minimum de dommages » aux Américains, car leurs besoins en gallium et en germanium sont « faibles » et peuvent, le cas échéant, être compensés ailleurs, indique à l’Agence France-Presse M. Kennedy.

En revanche, si Washington « choisit de poursuivre l’escalade, la prochaine réplique chinoise aura des conséquences », prévient l’expert, qui n’exclut pas des restrictions sur les terres rares.

94 %
C’est la part du gallium, présent notamment dans les circuits intégrés, les DEL et les panneaux photovoltaïques, qui est produite en Chine, selon un rapport de l’Union européenne.

Contrairement à ce que laisse entendre leur dénomination, cet ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe sont relativement abondants. Mais leurs propriétés électromagnétiques — particulièrement recherchées — en font des « métaux stratégiques ».

Ces mesures de Pékin surviennent au moment où, selon l’agence Bloomberg, le gouvernement Biden envisage de nouvelles restrictions visant le secteur technologique chinois.

La Chine a par ailleurs annoncé lundi des restrictions pour l’exportation de certains types de drones à compter du 1er septembre.

Cette mesure apparaît comme une réponse aux critiques occidentales sur l’assistance à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine



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