Le taux de chômage augmente légèrement au Canada

Statistique Canada signale que la hausse du taux du mois dernier au pays était la première depuis août dernier.
Michaël Monnier Archives Le Devoir Statistique Canada signale que la hausse du taux du mois dernier au pays était la première depuis août dernier.

Le marché du travail accuse une perte de vigueur, avec une première hausse du chômage en neuf mois au Canada.

Stable à 5 % depuis cinq mois, le taux de chômage a légèrement augmenté le mois dernier, à 5,2 %, a rapporté vendredi Statistique Canada. Cela reste inférieur au taux du dernier mois de mai avant la pandémie de COVID-19 (5,4 % en mai 2019) et à des lieues du sommet qui allait ensuite être atteint, justement, en mai 2020 (14,1 %). C’est la première hausse depuis le léger rebond d’août dernier (de 4,9 % à 5,3 %).

La légère augmentation du taux de chômage au Canada reflète un modeste repli du nombre d’emplois (-0,1 %), particulièrement chez les plus jeunes, les 15 à 24 ans (-2,8 %), ainsi que du total d’heures travaillées (-0,4 %). Mais elle s’explique aussi par la forte croissance démographique au cours du mois (+83 000), explique Statistique Canada. Dans la dernière année, la population de 15 ans et plus a crû de 660 000 personnes au Canada (+2,1 %), à la faveur notamment du rebond de l’immigration, et le marché du travail a gagné 365 000 emplois (+1,8 %), dont 325 000 seulement entre septembre et janvier.


 

Le taux d’emploi des jeunes de 15 à 24 ans était nettement plus bas le mois dernier (57,6 %) qu’un an auparavant (59,6 %), mais comparable à la moyenne prépandémique de 2017 à 2019 (58,2 %). La saison des emplois d’été semble particulièrement mal engagée, le taux d’emploi des étudiants de 20 à 24 ans étant à peine de 63,8 % en mai, contre 69,5 % un an auparavant et 67,7 % en mai 2019.

Léger recul du chômage au Québec

 

Au Québec, la situation a généralement peu varié pour un quatrième mois de suite, si ce n’est un très modeste repli de la population en quête d’un emploi. Cela s’est traduit par une baisse tout aussi modeste du taux de chômage le mois dernier, de 4,1 % à 4 %. Il est donc tout juste au-dessus du creux record de 3,9 % touché en novembre et en janvier derniers.

La création de 19 000 emplois le mois dernier a permis à la grande région de Montréal d’atteindre ce taux de chômage de 3,9 % (-0,7 point de pourcentage) pour la première fois depuis que des données comparables sont publiées, soit depuis 2006, relève Statistique Canada. Elle se compare ainsi favorablement avec les régions métropolitaines de Toronto (6,5 %) et de Vancouver (4,9 %).

La croissance du salaire horaire moyen sur 12 mois au Canada en mai s’avère supérieure (+5,1 %) à la hausse révélée par la plus récente mesure de l’indice des prix à la consommation, prise en avril, qui rapportait une inflation annuelle de 4,4 %. Les travailleurs québécois ont profité d’un écart presque aussi favorable, à raison d’une augmentation salariale moyenne de 5,4 % en mai contre une inflation de 4,8 % en avril.

« Cette croissance des salaires peut s’expliquer par des pressions entre l’offre et la demande de main-d’oeuvre, mais pas uniquement », a indiqué vendredi l’Institut du Québec dans une brève analyse. En effet, elle traduit sans doute également un déplacement des travailleurs québécois vers des secteurs où les salaires sont plus élevés.

Que fera la Banque du Canada ?

Cette annonce d’un ralentissement de l’emploi au Canada arrive quelques jours seulement après que la banque centrale a jugé nécessaire de reprendre le relèvement de ses taux d’intérêt, de peur que la trop grande vigueur de l’économie l’empêche de ramener l’inflation à sa cible de 2 %.

Il est encore trop tôt pour prévoir si la Banque du Canada récidivera avec une hausse de son taux directeur à sa prochaine réunion de politique monétaire, le 12 juillet, a dit l’économiste à la Banque Royale Nathan Janzen dans une brève analyse, vendredi. Elle pourra, d’ici là, voir d’autres statistiques mensuelles sur l’emploi et l’inflation, de même que les résultats d’une enquête menée auprès des entreprises.

Aux prises avec une envolée de l’inflation, la Banque du Canada a relevé son principal outil d’intervention monétaire de 0,25 % à 4,5 % entre mars 2022 et janvier dernier, avant de marquer une pause. Cette pause a pris fin mercredi avec une nouvelle hausse de 0,25 point de pourcentage de son taux directeur, qui l’a porté à 4,75 %.

« Le marché de l’emploi a finalement perdu de la vigueur en mai, et nous croyons que ce n’est que le début, alors que l’économie glisse en récession », a prédit Michael Davenport, économiste pour la firme d’analyse Oxford Economics. Mais si les signes d’un ralentissement économique beaucoup plus marqué ne se font pas voir dans les prochaines semaines, la Banque du Canada relèvera de nouveau ses taux en juillet, et peut-être d’autres fois encore, dit-il.

Le marché de l’emploi a finalement perdu de la vigueur en mai, et nous croyons que ce n’est que le début, alors que l’économie glisse en récession 

Les dernières données de Statistique Canada « confirment que l’économie du Québec a perdu son élan depuis le début de l’année », a observé de son côté Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins. « Cela dit, le marché du travail demeure dans une situation de surchauffe et la progression des salaires reste soutenue. »

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