Le prix moyen des résidences a baissé dans les banlieues de Montréal

Les régions périphériques de Montréal connaissent les plus grandes corrections de prix cette année.
Photo: Baker Jarvis Getty Images Les régions périphériques de Montréal connaissent les plus grandes corrections de prix cette année.

Le prix des résidences vendues dans les banlieues de Montréal redescend sur Terre après s’être envolé ces trois dernières années. Même si cet atterrissage se fait somme toute en douceur, des acheteurs potentiels n’arrivent toujours pas à acquérir la propriété de leurs rêves.

Dès 2020, Émilie Daigneault et son conjoint ont commencé à écumer les annonces Centris à la recherche de la perle rare. Dans leur ligne de mire : une maison de trois chambres à Sainte-Anne-des-Plaines, dans la couronne nord de la métropole, pour environ 350 000 $. « Cette année-là, on a fait au moins 30 visites à la queue leu leu, avec à peine cinq minutes pour visiter, et il y avait des offres multiples avec surenchère chaque fois. »

Après deux années de recherche active et quelque 15 offres d’achat non concluantes, le couple s’est découragé et a plutôt acheté le duplex des parents d’Émilie, « sans surenchère ni taxe de bienvenue » puisque la vente a été effectuée entre les membres d’une même famille.

Des conditions « plus normales »

Après avoir atteint un sommet en avril 2022, le prix moyen des résidences vendues au Québec pendant le premier trimestre de 2023 a reculé de 4 %. « On a vu, au cours de la deuxième moitié de 2022, une correction des prix issue de la disparition du phénomène de surenchère, explique Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec. »

Résultat : les propriétés sont négociées avec des conditions plus normales, comme une inspection, ou à la condition de la vente d’une autre maison. « On voit donc une certaine normalisation des marchés s’opérer », constate l’analyste.


 

Les régions périphériques de Montréal connaissent les plus grandes corrections de prix cette année, puisque ce sont celles qui ont connu la plus grande surchauffe en 2022. Cette baisse des prix n’est toutefois pas homogène, même parmi les banlieues de Montréal : le quartier Duvernay, à Laval, et le secteur La Plaine, à Terrebonne, ont vu les prix des résidences diminuer de 20 %. Alors qu’à Saint-Jérôme, les prix ont continué de grimper de 8 % cette dernière année.

Ce ralentissement est le bienvenu pour les courtiers immobiliers, admet la directrice de deux agences immobilières situées à Laval, où les prix ont diminué de 6 %. « Pour nous, le fait que ça se tranquillise, c’est une bonne nouvelle parce qu’on va avoir le temps de travailler avec les gens, explique Michelle Demange. Ça fait deux ans que tout le monde est enragé, c’était malsain. »

Ces fluctuations de prix peuvent être expliquées par la conjoncture économique globale, mais aussi par un contexte local. Par exemple, à Duvernay, le nombre de propriétés à vendre était excessivement bas l’an dernier et les prix ont grimpé de 11 %, selon Michelle Demange. Puisque le quartier est habité par des personnes plus âgées, la courtière formule l’hypothèse que la pandémie a limité leur capacité à faire des visites ou a freiné leur plan de déménager dans une RPA. « Cette année, on a 12 % plus de mises en vente. Le client acheteur a plus d’éléments de comparaison, donc il n’y a pas de surenchère », conclut-elle.

Les acheteurs aux aguets

À Sainte-Anne-des-Plaines, les prix ont légèrement augmenté, soit d’environ 10 000 $ (2,7 %). Malgré l’achat du duplex, en 2021, Émilie et son conjoint poursuivent leurs recherches. C’est que leur situation a changé avec la naissance du petit Léo, 15 mois, et leur désir de lui offrir un frère ou une soeur. L’appartement de deux chambres qu’ils occupent est trop petit pour quatre, croit la mère. « Pour le moment, on n’est pas pressés de trouver notre maison, mais ça va changer si je tombe enceinte. C’est sûr que je n’aurais pas un deuxième enfant ici. Mais si, au contraire, on trouve notre maison, je vais dire : OK, let’s go pour un deuxième ! »

« On ne sait pas ce qui nous attend : est-ce qu’il va y avoir une récession, est-ce que les maisons vont valoir 100 000 $ de moins dans quelques années, est-ce que les taux d’intérêt vont continuer de monter ? On est assez réticents à acheter dans ce contexte », s’inquiète Émilie.

Ce réflexe d’observer et d’attendre reflète grandement celui des autres acheteurs du Québec envers la situation économique actuelle. Le taux directeur a subi huit hausses consécutives en un an seulement et la Banque du Canada n’écarte pas la possibilité de le rehausser à nouveau si l’inflation ne se met pas au pas à temps.

C’est d’ailleurs ce qui explique que le délai de vente moyen pour les unifamiliales a augmenté de 15 jours entre les premiers trimestres de 2022 et de 2023. « Il y a un certain attentisme avant de prendre des décisions, constate Charles Brant, et ceux qui sont prêts à acheter aux conditions actuelles, ils le font avec la bonne propriété. »



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