Fondations privées: collaborer pour mieux aider
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Philanthropie
Depuis quelques années, les fondations privées d’ici collaborent de plus en plus entre elles, se joignant même parfois à des organismes publics, pour mener des actions de plus grande ampleur. Un mouvement regardé avec attention ailleurs au Canada.
« Lorsque j’ai rejoint la Fondation Centraide du Grand Montréal en 2012, cette intention de collaborer émergeait déjà, se rappelle Lili-Anna Pereša, présidente-directrice générale de la Fondation McConnell. Elle s’avérait utile et importante pour de multiples raisons, notamment à cause des soubresauts économiques importants vécus à Montréal à la suite de la commission Charbonneau. » Cet élan devait aussi beaucoup à Jacques Ménard, ancien président de la Banque de Montréal, qui avait rassemblé des acteurs de la philanthropie appartenant aux secteurs public et privé afin de financer un grand chantier national de lutte contre le décrochage scolaire. « Cela a créé une synergie », se souvient Mme Pereša.
Ensemble, le petit train va plus loin
Cette volonté de travailler en partenariat s’est accélérée ces dernières années pour régler des problématiques philanthropiques comme la faim, la pauvreté ou l’écologie, observe Daniel Asselin, directeur principal du développement philanthropique à la Fondation de l’Université de Sherbrooke. « Les acteurs se rassemblent autour d’un même objectif pour faire une différence, c’est très intéressant », se réjouit-il.
La pandémie a incité beaucoup de fondations privées à travailler ensemble, constate, quant à lui, le président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal, Karel Mayrand. De même que le 375e anniversaire de Montréal, ajoute Mme Pereša. « Pour le Projet impact collectif en 2016, neuf fondations privées ont travaillé avec la Ville de Montréal et des acteurs de terrain pour réduire la pauvreté en soutenant la vision et les plans d’action adoptés par les citoyens des quartiers. Tout le monde a dû mettre ses intérêts personnels à la porte pour se concentrer sur l’objectif commun », raconte-t-elle, tout en soulignant que cette expérience a permis aux différents joueurs de mieux se connaître. « Malgré la complexité de la démarche, nous avons appris à nous faire confiance. Il y a eu des hauts et des bas, mais nous avons tous vu que le petit train va plus loin lorsque nous sommes ensemble », affirme-t-elle.
Pour la p.-d.g. de la Fondation McConnell, cette approche de collaboration « est vivante et pertinente et elle va perdurer. Il ne se passe pas une journée sans que je ne parle à une autre fondation ou organisation », note celle pour qui ce phénomène est particulier au Québec. « D’autres villes et fondations regardent ce qui se passe chez nous. Nous avons, par exemple, mis sur pied le réseau du Collectif des fondations québécoises contre les inégalités sociales, ce qui est unique au Canada. Elles sont curieuses et cherchent à s’en inspirer », avance-t-elle.
Une approche proactive
À la Fondation Trottier, cet élan collaboratif s’accompagne d’un changement de focus. « Nous pratiquons toujours l’approche traditionnelle que j’appelle “réactive” lorsqu’un hôpital, par exemple, sollicite une fondation, qui fait un chèque pour soutenir un besoin spécifique, explique son directeur général, Éric St-Pierre. À côté de ces réponses à des demandes ponctuelles, nous nous sommes inspirés d’autres fondations plus proactives », raconte-t-il. Face à des défis d’envergure comme les changements climatiques, la Fondation Trottier se demande comment elle peut contribuer à la solution et cherche à lancer de nouvelles initiatives.
« Nous avons octroyé 175 subventions en 2022. Mais nous souhaitons aussi aller plus loin en provoquant une concertation, en amenant plusieurs fondations à travailler ensemble et en tissant des relations avec les gouvernements, l’industrie, les universités ou encore les citoyens », illustre M. St-Pierre. La Fondation Trottier a, par exemple, lancé un partenariat qui inclut la Ville de Montréal et d’autres acteurs canadiens et internationaux pour aider la ville à établir l’un des plus ambitieux plans climatiques municipaux au Canada. Dans le sillage de cet élan, elle vient de participer à la deuxième édition du Sommet Climat Montréal pour accélérer l’action climatique de la métropole d’ici 2030.
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