Le salaire du p.-d.g. d’Investissement Québec franchit la barre du million

Le président-directeur général d’Investissement Québec, Guy LeBlanc
Ryan Remiorz Archives La Presse canadienne Le président-directeur général d’Investissement Québec, Guy LeBlanc

Le président-directeur général d’Investissement Québec (IQ), Guy LeBlanc, a reçu l’an dernier une rémunération totale de 1,056 million de dollars, en hausse de 19 %, au terme d’une période marquée par des pertes anticipées dans les placements de la société d’État.

La rémunération totale de M. LeBlanc était de 887 000 $ l’an dernier. Mercredi, lors de l’étude des crédits budgétaires d’IQ, le dirigeant a indiqué que cette hausse s’expliquait par la mise en place d’un régime d’intéressement à long terme (RILT).

En faisant le bilan des activités de la société d’État, M. LeBlanc a également expliqué qu’il s’attendait à déposer un rapport annuel exposant un rendement négatif qui oscillera entre 3,5 % et 9 %. Il a dit avoir bon espoir que les pertes se situeront dans le bas de cette fourchette.

M. LeBlanc a noté que le RILT tenait compte des rendements des trois dernières années.

Au terme de la commission parlementaire où les députés étudiaient les crédits de son organisme, M. LeBlanc a refusé de répondre aux questions du Devoir sur sa rémunération.

Transparence

Le député libéral Frédéric Beauchemin a affirmé que le calcul par lequel cette hausse a été établie manquait de transparence, surtout dans un contexte où la performance d’IQ est en baisse.

Elle est passée de 25 % en 2021, l’année du rebond qui a suivi le début de la pandémie, à 7,6 % en 2022, et l’année 2023 sera plus proche de -3,5 %, a souligné le député en entrevue. « On voit que c’est linéairement vers le bas. Et puis il y a une augmentation de la rémunération du p.-d.g. qui est linéairement vers le haut. »

M. Beauchemin croit qu’IQ aurait intérêt à établir plus clairement des indices de référence qui permettent de comparer les performances de la société d’État. Selon lui, il existe d’autres organisations comparables à l’international.

Des consultants comme la firme McKinsey pourraient certainement aider IQ à établir une base de comparaison, a-t-il raillé, après avoir questionné la société d’État sur un mandat confié à cette entreprise. « Je disais ça à la blague, parce que c’est quelque chose qu’ils sont capables de faire à l’interne, j’en suis certain », a-t-il dit.

Aux députés, M. LeBlanc a affirmé qu’il était très difficile pour IQ de trouver une organisation comparable. Il a toutefois mentionné le Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec, qui offre également du capital de risque aux entreprises. « J’ai mentionné le Fonds de solidarité, sauf qu’ils n’ont pas le même mandat que nous. On est là pour combler les carences dans la chaîne de capitaux, on est là pour prendre plus de risques », a-t-il expliqué.

M. LeBlanc s’est montré satisfait que le rendement d’IQ sur trois ans soit de 9,3 %. « Avec le genre de mandat de prendre plus de risques et de combler les carences dans la chaîne des capitaux, 9,3 % c’est, en ce qui me concerne, une performance exceptionnelle », a-t-il dit.

Haute direction

Au total, les cinq membres de la haute direction les mieux rémunérés d’IQ, ce qui comprend M. LeBlanc, ont reçu l’an dernier une hausse moyenne de 22 % de leur rémunération, qui inclut la contribution à leur fonds de retraite.

La première vice-présidente de la société d’État, Bich-Trang Ngo, a reçu 1,15 million de dollars. Sa rémunération plus élevée que celle de M. LeBlanc s’explique par les sommes versées par IQ dans son régime de retraite, qui sont inférieures pour le président-directeur général.

M. LeBlanc participe au régime de prestations supplémentaires du gouvernement du Québec, indiquent des documents déposés devant la commission parlementaire. « Le coût est assumé entièrement par le gouvernement », peut-on y lire.

Ainsi, la rémunération de Mme Ngo inclut une cotisation d’IQ à son régime de retraite de 235 683 $ l’an dernier, contre 33 069 $ pour M. LeBlanc.

La société d’État a consacré l’an dernier 4,87 millions de dollars à la rémunération de ses cinq dirigeants les mieux payés, contre 3,97 millions l’année précédente.

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