Une Québécoise de nouveau à la tête des gâteaux Vachon

L’entreprise mexicaine qui possède les fameux gâteaux Vachon a nommé Marie-Ève Royer, une Québécoise aux origines beauceronnes, à la tête de sa filiale canadienne.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir L’entreprise mexicaine qui possède les fameux gâteaux Vachon a nommé Marie-Ève Royer, une Québécoise aux origines beauceronnes, à la tête de sa filiale canadienne.

C’est une boucle qui se boucle pour les gâteaux Vachon. Vendus à des intérêts mexicains en 2014, ils ont retrouvé en début d’année une Québécoise à leur tête. Marie-Ève Royer, petite-fille d’une pâtissière chez Vachon, a pris en janvier dernier la présidence de Bimbo Canada, les propriétaires de cette marque mythique. Portrait.

On a beau rejoindre Marie-Ève Royer en direct du Mexique, là où siège l’entreprise Bimbo, on a l’impression qu’elle dirige encore une entreprise familiale.

Tandis que son grand-père travaillait comme pompier à Sainte-Marie-de-Beauce, là où l’on confectionne depuis 100 ans les gâteaux Vachon, sa grand-mère travaillait sur la chaîne de montage de la célèbre boulangerie. « Chaque année, elle allait décorer les bûches de Noël », raconte Marie-Ève Royer. « C’était il y a plusieurs années, une grande table avec des femmes. C’était souvent les femmes chaque côté de la table. Ma grand-mère faisait des fleurs avec sa gang d’amies. »

« Il y a un petit côté qui me touche dans cette histoire-là », poursuit celle qui a grandi en banlieue de Québec. « Ma grand-mère est encore en vie. Quand je retourne [en Beauce], je ne suis pas sûre que tout le monde comprend la compagnie au complet, mais tout le monde dans ma famille comprend la compagnie Vachon. »

L’entreprise a bien changé depuis cette époque. L’usine gérée par les frères Vachon est passée aux mains de divers investisseurs au tournant des années 1970. Bimbo s’en est porté acquéreur en 2014. L’automatisation a remplacé le crémage à la spatule. Quelque 450 millions de gâteaux, soit 20 000 tonnes de pâtisseries, sortent maintenant chaque année de l’usine de Sainte-Marie.

Marie-Ève Royer, malgré sa position clé, ne cesse d’honorer ses collègues. « J’aimerais dire que c’est juste des robots, mais non. C’est encore 500 emplois. C’est un travail d’équipe », insiste-t-elle à plusieurs reprises.

Photo: Photo fournie Marie-Ève Royer est la présidente de Bimbo Canada, les propriétaires des gâteaux Vachon

Faire lever la pâte

Le chemin vers cette haute fonction n’a pas été un long fleuve tranquille. Après une vingtaine d’années chez Bimbo, elle est sortie de l’ombre en 2019 lorsque l’entreprise s’est trouvée plongée dans l’une des plus grandes crises de son histoire. La rivière Chaudière, qui coule tout juste en face de la ville beauceronne, est alors sortie de son lit lors de crues « centenaires ». Des dizaines d’habitations ont été noyées et l’usine a été dévastée. C’est Marie-Ève Royer qui s’est présentée devant les politiciens et les médias pour gérer la calamité.

« Ç’a été difficile ce qu’on a vécu avec les inondations en 2019. Au départ, on se demandait ce qu’on allait faire avec ça. On avait une décision à prendre. Qu’est-ce qu’on fait avec l’usine ? On a décidé de la rebâtir. »

Ainsi, les racines québécoises de Vachon ont tenu le coup. Bimbo a mis les bouchées doubles, investissant 100 millions de dollars pour rebâtir toutes les installations. L’arrêt de travail n’a duré que quelques semaines. Pas moins de 10 millions ont été injectés pour l’installation d’un énorme mur afin de se protéger de toute inondation future. L’usine, aujourd’hui, ressemble à une forteresse. Il est d’ailleurs impossible de la visiter ; sécurité et secrets industriels sont aussi à protéger.

450 millions
C'est le nombre de gâteaux qui sortent de l'usine de Sainte-Marie chaque année.

La recette secrète pour durer à travers les époques ? La capacité à se « réinventer ». Les classiques n’ont jamais cessé de trôner en haut du palmarès des meilleurs vendeurs, mais… « c’est un mélange des marques emblématiques qui font notre succès depuis toujours et des innovations ».

On soupçonne aussi un attachement qui dépasse les colonnes des chiffres de ventes. « Ma famille et mon coeur y sont », laisse tomber la dirigeante en cours d’entrevue.

L’avenir s’annonce sucré pour le fleuron beauceron. Ses gâteaux pourraient facilement s’exporter au sud de la frontière, si le taux de chômage dans la région n’avoisinait pas les 2 %, ce qui freine ce désir d’expansion.



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