L’usine de batteries de Lion ouvre ses portes à Mirabel

L’usine permettra à l’entreprise de réduire ses coûts de production, en plus d’éliminer sa dépendance envers les producteurs de batteries étrangers pour l’assemblage de ses véhicules.
Adil Boukind Le Devoir L’usine permettra à l’entreprise de réduire ses coûts de production, en plus d’éliminer sa dépendance envers les producteurs de batteries étrangers pour l’assemblage de ses véhicules.

L’usine de batteries pour véhicules électriques moyens et lourds de Lion Électrique, la première du genre au Canada, a ouvert ses portes à Mirabel ce lundi. Elle permettra à l’entreprise de mieux contrôler ses coûts de production, en plus d’éliminer sa dépendance envers les producteurs de batteries étrangers pour l’assemblage de ses véhicules.

« En toute humilité […], on nous dit que cette usine-là n’a absolument rien à envier à tous les grands constructeurs automobiles de la planète au niveau des usines de batteries », a avancé Marc Bédard, le président et fondateur de l’entreprise Lion, lors d’une conférence dans l’usine des Laurentides. Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, et le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, étaient présents.

« Il y a quelqu’un qui m’a dit, à un moment donné, qu’il y a deux différences entre l’usine de Lion et l’usine de Tesla. Elle est plus petite, mais elle va plus vite », a dit M. Bédard avec fierté, au milieu du site de 175 000 pieds carrés, construit sur le site de l’Aérocité internationale de Mirabel.

Entre autres, cette nouvelle usine hautement automatisée permettra à l’entreprise d’avoir une meilleure emprise sur ses coûts de production, alors que le coût d’une batterie représente environ de « 30 % à 40 % du coût d’un véhicule », a souligné M. Bédard.

Cette « stratégie d’intégration verticale » permettra aussi à Lion d’être plus autonome et de ne plus être « captive d’un fournisseur pendant plusieurs années », même si elle continue d’être dépendante au niveau des cellules de batterie.

« Ce n’est pas pour vous faire de la pression, M. Fitzgibbon, mais quand il y aura une cellule québécoise, on va être bien contents d’utiliser une cellule québécoise dans la production de nos batteries », a ajouté M. Bédard, en se tournant vers le ministre de l’Économie. Celui-ci n’a pas manqué de louanges envers l’entreprise et sa participation à la décarbonation de l’économie québécoise.

Le premier bloc-batterie a été produit à la fin de l’année 2022, mais il faudra attendre d’obtenir la certification du produit — qui est attendue d’ici la fin du mois de juin — pour que Lion soit en mesure de passer en mode production et qu’elle puisse installer ses propres batteries sur ses autobus et ses camions électriques.

Piètre performance boursière

En réponse aux questions des journalistes, le p.-d.g. de l’entreprise a reconnu ne pas être satisfait des résultats boursiers de l’entreprise. Ils restent toutefois hors de son contrôle, dit-il, et reflètent une baisse générale dans le secteur des transports électriques sur les marchés, dont Lion Électrique n’est pas la seule à écoper.

Depuis son introduction en Bourse, en mai 2021, le prix de l’action de Lion Électrique a chuté de près de 90 % — passant d’à peu près 22 dollars à seulement un peu plus de 2 dollars.

« Quand on voit les baisses boursières comme en ce moment, ma crainte, ce n’est pas le prix [de l’action], a dit le ministre Fitzgibbon. Ma crainte, c’est : est-ce qu’on est vulnérables à une acquisition ? Et on ne veut pas perdre Lion. On [suit de proche] la situation avec Investissement Québec », a-t-il ajouté, réitérant sa confiance envers l’entreprise et son dirigeant.

M. Bédard a reconnu avoir été courtisé, mais est déterminé à ne pas céder et à garder le siège social au Québec. « Quand il y a un raz de marée comme en ce moment, c’est toujours plus dangereux [de se faire racheter]. Moi, je contrôle quand même une bonne partie [des actions] et je ne vends pas », a insisté le p.-d.g. Quant au premier actionnaire, Power Corporation, M. Bédard dit : « Je ne veux pas parler pour eux, mais je pense que ça se passe bien. »

En mars 2021, Québec et Ottawa ont injecté 100 millions de dollars — 50 millions chacun — pour la construction de cette usine. La portion québécoise du financement est un prêt pardonnable lié à la création d’emplois.

À terme, 135 emplois devraient être créés à Mirabel, a promis Lion. Pour le moment, seulement 50 employés travaillent à l’usine, qui n’en est toutefois qu’à sa deuxième phase de développement, sur un total de quatre.

Une fois achevée, l’usine devrait construire une batterie toutes les cinq à dix minutes et servira à alimenter les véhicules assemblés par Lion dans ses usines de Saint-Jérôme, au Québec et de Joliet, en Illinois.

En mêlée de presse, Marc Bédard a également réagi à un article publié le mois dernier par Radio-Canada, selon lequel la Société des alcools du Québec serait déçue du modèle de camion Lion8, qu’elle a dû retourner. « Le bon de commande a été passé en décembre 2022. Et le véhicule a été livré il y a un mois environ. […] C’est normal, pour un véhicule comme ça, que le véhicule revienne [pour faire des ajustements] », a expliqué M. Bédard, qui dit avoir une très bonne relation d’affaires avec la SAQ.

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