Les marchés se stabilisent malgré l’incertitude

Leïla Jolin-Dahel
Collaboration spéciale
Les copropriétés devraient subir une chute de prix moins prononcée que les maisons unifamiliales, selon l’APCIQ.
Photo: iStock Les copropriétés devraient subir une chute de prix moins prononcée que les maisons unifamiliales, selon l’APCIQ.

Ce texte fait partie du cahier spécial Immobilier

Après une hausse fulgurante des taux hypothécaires et un important ralentissement des ventes de propriétés l’année dernière, 2023 pointe vers une stabilisation des marchés malgré le contexte incertain, selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

Le ralentissement observé en 2022 en raison de l’augmentation des taux d’intérêt se poursuit cette année, évalue Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché à l’APCIQ. « On est vraiment arrivés au minimum de ce qu’on peut faire en matière d’activités. On est à des bas historiques depuis le début de l’année », constate-t-il.

Depuis le 2 mars 2022, la Banque du Canada a procédé à huit hausses successives de son taux directeur. « C’est quelque chose d’assez historique par son amplitude. Le marché a accusé le coup, notamment avec la disparition de la surenchère et la correction assez rapide qui s’en est suivie sur les prix », observe M. Brant.

Le 8 mars dernier, la banque centrale a finalement choisi de maintenir son taux directeur à 4,5 % et de ne pas procéder à une neuvième augmentation. Une annonce qui donnera plus de prévisibilité aux acheteurs, estime M. Brant.

Un regain d’activité

La fin de l’hiver devrait notamment marquer un regain de l’activité, croit M. Brant. Un phénomène déjà observable en mars. « On a vu des chutes de 30 % des transactions par rapport à 2022. Cet écart devrait commencer à s’amenuiser au fur et à mesure qu’on avance dans l’année », dit-il.

D’ailleurs, le Mouvement Desjardins prédit une correction des prix de 23 % au Canada et de 17 % au Québec d’ici la fin de 2023. Certains marchés connaîtront des baisses de prix au cours des mois à venir, croit M. Brant, même si « le plus gros est derrière nous ».

Mais certaines régions s’en tirent mieux, comme celle de Québec, note-t-il. « Ce marché montre une très forte résilience depuis le début du processus de revirement », dit-il.

À travers la province, l’activité immobilière actuelle concerne surtout les maisons « les plus désirables qui sont correctement mises à prix », dit-il. « Il y a tout un volet de propriétés qui s’accumulent parce qu’elles n’ont pas trouvé preneur, étant donné le faible niveau de transactions. Ces propriétés vont finalement se faire négocier au cours des prochains mois. Et c’est sûr que ça va entraîner encore des baisses de prix dans certains marchés », prédit-il.

Les copropriétés devraient toutefois subir une chute de prix moins prononcée que les maisons unifamiliales. « C’est tout à fait logique, comme ce sont des propriétés moins chères, donc plus accessibles », explique M. Brant.

Mais certains marchés connaissent tout de même une surchauffe, notamment à Trois-Rivières et dans certains secteurs de Montréal. « Il y a encore un peu de surenchère, parce qu’il y a un très fort déficit d’offres par rapport à la demande », dit-il. D’ailleurs, le ratio du nombre de surenchères de plus de 10 % entre le prix de vente et le prix affiché était de 4 % en moyenne pour les propriétés unifamiliales au Québec en février 2023. C’est à Trois-Rivières qu’il était le plus élevé, avec un taux de 9 %, selon des données de l’APCIQ par le système Centris.

Mais la « majorité » des propriétés de la région métropolitaine se vendent au prix affiché. Toutefois, on voit de plus en plus de transactions dont le prix fait l’objet de négociations, observe M. Brant.

Un marché encore à l’avantage des vendeurs

Si la surenchère est de plus en plus chose du passé, ce sont encore les vendeurs qui ont le gros bout du bâton quand vient le temps de faire une transaction immobilière, observe M. Brant. Toutefois, une lueur d’espoir semble poindre pour les premiers acheteurs, qui pourront faire des offres sans craindre de surenchère importante. « Là, c’est beaucoup moins stressant. Les taux d’intérêt sont plus hauts, oui, mais les prix sont moins élevés aussi », souligne-t-il.

Le Québec n’est néanmoins pas près de revoir un marché comme celui qu’il a connu durant la pandémie. « C’était exceptionnel. On peut parler de stabilisation, et c’est déjà très bon pour 2023 », explique M. Brant. En se basant sur les prévisions de plusieurs économistes, il estime que le retour à une inflation autour de 2 % pourrait faire en sorte que les taux d’intérêt pourraient finalement baisser dès la fin de 2024. « Et ça, évidemment, c’est favorable au marché immobilier. »

En attendant, l’abordabilité du marché québécois, en comparaison avec celui dans le reste du Canada, et le moins haut niveau d’endettement des Québécois vont continuer à soutenir l’activité immobilière au Québec, croit M. Brant.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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