Hydro-Québec retient de nouveaux projets d’énergie éolienne

L’annonce de mercredi n’est qu’un premier pas vers une grande vague de projets éoliens au Québec. Du moins, c’est le souhait du gouvernement et d’Hydro-Québec. Sur la photo, le parc éolien de Cap-Chat, en 2016.
Alexandre Shields Archives Le Devoir L’annonce de mercredi n’est qu’un premier pas vers une grande vague de projets éoliens au Québec. Du moins, c’est le souhait du gouvernement et d’Hydro-Québec. Sur la photo, le parc éolien de Cap-Chat, en 2016.

Des centaines de nouvelles éoliennes devraient bientôt pousser sur le territoire québécois. Hydro-Québec a annoncé mercredi avoir retenu sept soumissions qui permettront d’injecter de la puissance supplémentaire dans son réseau d’ici décembre 2026. La plupart des projets n’ont toutefois pas encore achevé le processus d’évaluation environnementale en vigueur.

Ces projets — qui relèvent tous de l’éolien, sauf un — totalisent 1303 mégawatts (MW) de puissance installée. Ils avaient été soumis dans le cadre d’appels d’offres lancés conjointement en décembre 2021, respectivement pour 480 MW d’énergie renouvelable et pour 300 MW d’énergie éolienne.

Différents promoteurs (EDF Renouvelables, Innergex, Invenergy, Algonquin Power Trust et Hydro-Québec Production) se partagent les projets retenus. Les installations devraient voir le jour dans Chaudière-Appalaches (parc éolien de la Forêt Domaniale), au Bas-Saint-Laurent (Madawaska, Pohénégamook–Picard–Saint-Antonin, Saint-Damase II), en Estrie (Haute-Chaudière) et en Gaspésie (Mesgi’g Ugju’s’n).

La société d’État doit conclure des contrats avec les promoteurs « dans les prochaines semaines ». Les ententes seront ensuite soumises à la Régie de l’énergie pour approbation. Au sein des soumissions retenues, le coût moyen de l’énergie est de 6,1 ¢/kWh, sans inclure le transport ni l’équilibrage.

Évaluations environnementales

Parmi les cinq soumissions retenues dans le cadre de l’appel d’offres visant l’acquisition de 480 MW de puissance provenant de sources renouvelables, au moins quatre sont liées à des projets qui n’ont pas encore achevé le processus d’évaluation environnementale en vigueur au Québec. Il s’agit des projets Madawaska, Mesgi’g Ugju’s’n, de la Haute-Chaudière et de Pohénégamook–Picard–Saint-Antonin.

En fait, aucun de ces quatre projets n’a encore déposé une étude d’impact au ministère de l’Environnement. Certains projets ont reçu leur « directive » en vue de la préparation de cette étude au cours des dernières semaines.

La réalisation des projets est condi­tionnelle à l’obtention de toutes les autori­sations environnementales requises

 

L’étude d’impact doit notamment permettre d’analyser les impacts sociaux, mais aussi environnementaux des projets, comme leurs conséquences potentielles sur la flore et la faune. Dans le cas des parcs éoliens, au Québec, des espèces menacées d’oiseaux peuvent être touchées, par exemple. On l’a notamment vu dans le cadre de l’analyse de l’impact des projets des Neiges, dans Charlevoix.

Le projet de la Forêt Domaniale, retenu dans le cadre de l’appel d’offres visant l’acquisition de 300 MW d’électricité éolienne, n’a pas non plus terminé le processus d’évaluation environnementale prévu par la loi. En fait, les promoteurs n’ont reçu leur directive pour la réalisation de l’étude d’impact que le 1er février dernier.

Une fois que cette directive a été transmise au promoteur d’un projet, celui-ci doit réaliser son étude d’impact en répondant aux demandes qui y sont précisées. L’étude est ensuite déposée au ministère de l’Environnement, puis soumise à une analyse des « experts » de différents ministères, qui soumettent des « avis ». Plusieurs échanges entre les experts gouvernementaux et le promoteur peuvent suivre avant que l’étude ne soit jugée complète.

Le projet peut être soumis par la suite à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Même si au moins cinq soumissions retenues par la société d’État doivent donc encore terminer leur processus d’évaluation environnementale, les documents publiés mercredi par Hydro-Québec précisent, pour chaque projet, une « date garantie de début des livraisons » : le 1er décembre 2026.

Est-ce qu’il est déjà acquis que ces projets iront de l’avant, peu importe les résultats des évaluations ? « Non, la réalisation des projets est conditionnelle à l’obtention de toutes les autorisations environnementales requises », a répondu un porte-parole de la société d’État dans un courriel au Devoir.

« Il est habituel que les autorisations n’aient pas toutes été obtenues au stade de la sélection des projets dans le cadre d’un appel d’offres, ajoute le porte-parole. Cependant, le promoteur devait nous démontrer l’état d’avancement de son plan d’obtention des autorisations environnementales, dans lequel il devait décrire les démarches liées à l’acceptabilité sociale du projet. »

D’autres projets à venir

Parmi les projets retenus, le seul qui ne relève pas de l’énergie éolienne est celui d’Hydro-Québec Production. On indique dans la documentation que 159 MW de puissance seront fournis grâce au « système de production » de l’entreprise publique. Le parc existant sera sollicité ; il n’est pas question d’un nouveau projet.

L’annonce de mercredi n’est qu’un premier pas vers une grande vague de projets éoliens au Québec. Du moins, c’est le souhait du gouvernement Legault et d’Hydro-Québec. D’ailleurs, de nouveaux appels d’offres doivent être lancés d’ici le 31 mars pour 1500 MW de puissance éolienne. Un « nouveau mécanisme » sera utilisé afin de choisir les projets situés « dans des zones favorables ».

Avec Ulysse Bergeron

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