L’aéroport de Saint-Hubert se dote d’une aérogare et d’un hôtel

L’aéroport de Saint-Hubert deviendra une plaque tournante pour les vols canadiens, avec l’annonce, lundi, de la construction d’un nouveau terminal en partenariat avec Porter Aviation. Le projet, qui prévoit aussi la construction d’un hôtel de 130 chambres, pourra accueillir, à terme, quatre millions de passagers par année.
Les travaux de construction du nouveau terminal d’une superficie de 21 000 m2 devraient débuter au milieu de 2023 pour se terminer d’ici la fin de 2024. L’aérogare et l’hôtel représentent un investissement de 200 millions de dollars réalisé par Aéroport Montréal Saint-Hubert, en partenariat avec Porter Aviation Holdings et l’hôtelier Holiday Inn.
Le transporteur Porter, qui est aussi présent à l’aéroport Montréal-Trudeau, prévoit desservir toutes les grandes villes canadiennes et pourra aussi prendre en correspondance les passagers du transporteur régional Pascan, qui doit ajouter du même coup d’autres dessertes régionales. Porter aura recours à des appareils De Havilland Dash 8-400 de 78 places et Embraer E195-E2 de 132 places. Le projet devrait permettre de créer plus de 500 emplois permanents, souligne le transporteur.
Le directeur général de l’aéroport de Saint-Hubert, Yanic Roy, a voulu se faire rassurant en conférence de presse lundi au sujet des nuisances sonores. En vertu d’une entente récente, les vols de nuit seront interdits à compter du mois d’avril 2024. De plus, les avions des vols commerciaux prennent rapidement de l’altitude, a-t-il dit. « Les inconvénients au niveau des riverains seront pratiquement nuls », a-t-il soutenu.
« Un des paramètres de l’accord avec l’aéroport, c’est de contribuer à l’atteinte de nos objectifs : on vise la carboneutralité pour 2050 à Longueuil. On parle également de la qualité de vie des citoyennes et des citoyens qui est si importante et qui est respectée par le développement qui est annoncé aujourd’hui », a fait valoir la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier.
Inquiétudes
Ces propos ne rassurent pas les citoyens membres du Comité antipollution des avions – Longueuil (CAPA-L) qui milite depuis des années pour un meilleur encadrement des activités de l’aéroport de Saint-Hubert et de ses nuisances sonores.
Porte-parole au sein de ce comité, Marie-Pierre Brunelle a l’impression que les citoyens ont été mis devant un fait accompli. « Il y avait eu des consultations publiques il y a quelques mois. C’était un très bon pas en avant, mais les recommandations parlaient de développement harmonieux, d’études d’impact réalisées au préalable et d’énergies vertes. Or, le plan annoncé aujourd’hui entre en contradiction avec les recommandations de ces consultations », avance-t-elle.
Mme Brunelle signale que, depuis une dizaine d’années, les citoyens dénoncent les activités des écoles de pilotage, des circuits touristiques des hélicoptères et des vols de nuit. Les activités nocturnes devraient en théorie être éliminées à compter de 2024, mais pour le reste, on ne corrigera pas les autres problèmes existants, indique-t-elle. « On propose un développement additionnel. On ne règle pas la situation. »
Elle doute que les prétentions environnementales liées au projet se matérialisent. « Ça n’existe pas des avions silencieux et non polluants. Ils vont fairedu transport aérien du XXe siècle. Il n’y a rien de vert là-dedans », dit-elle.
Une zone d’innovation
Le choix de Saint-Hubert comporte plusieurs avantages pour Porter, qui pourra bénéficier de coûts d’exploitation moins élevés, et il lui permettra d’éviter la saturation des grands aéroports comme Pearson et Montréal-Trudeau, explique Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile, de l’UQAM.
« C’est proche de Montréal. Il y a une densité de population importante sur la Rive-Sud — et dans la zone qui peut s’étendre jusqu’à Drummondville et Trois-Rivières. Porter va aussi développer une navette électrique entre son aérogare et le métro de Longueuil. Il va faire de Saint-Hubert sa maison mère, d’une certaine manière », souligne-t-il.
Les citoyens ont-ils raison de s’inquiéter des nuisances sonores ? « C’est vrai que le nombre de vols augmente — à peu près de 10 % —, mais les avions qui seront utilisés seront très différents des avions qu’on connaît et qui créent des insatisfactions. Ce sont des avions de la nouvelle génération, les Embraer, qui sont à peu près deux fois moins bruyants que la génération précédente », fait-il valoir.
Ces avions prennent de l’altitude beaucoup plus rapidement et devraient être moins dérangeants que les appareils utilisés par les écoles de pilotage qui volent à plus basse altitude, ajoute l’expert.
Selon M. Ebrahimi, le projet du nouveau terminal et l’arrivée de Porter pourraient être bénéfiques pour la région et contribuer à créer une zone d’innovation aéronautique autour de l’aéroport. « À peu près le tiers des entreprises en aéronautique [au Québec] sont déjà dans l’agglomération de Longueuil », a-t-il rappelé.
Avec La Presse canadienne