Il faut investir massivement dans le transport électrique, croit Boralex

La transition énergétique nécessitera des investissements massifs dans le réseau de transport électrique, relève le président et chef de la direction de Boralex.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir La transition énergétique nécessitera des investissements massifs dans le réseau de transport électrique, relève le président et chef de la direction de Boralex.

Non seulement il faudra produire l’électricité, mais la transition énergétique nécessitera des investissements massifs dans le réseau de transport électrique, prévient le président et chef de la direction de Boralex, Patrick Decostre.

C’est un défi pour tous les gouvernements occidentaux, estime le dirigeant du producteur québécois d’énergie qui a des activités au Canada, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni. « Il y a des limites [à la capacité de réseau], explique-t-il vendredi lors d’une conférence téléphonique de discussion sur les résultats du quatrième trimestre. Les gouvernements vont devoir investir beaucoup d’argent. Quand je dis beaucoup d’argent, c’est probablement des milliards, mais c’est la seule façon de faire la transition énergétique. »

Questionné par un analyste, M. Decostre définit la saturation des réseaux comme le principal défi à la planification de projets à moyen terme. La responsabilité de résoudre ce problème n’incombe pas aux producteurs d’énergie, selon lui. « Ça ne dépend pas de Boralex. Notre rôle est de trouver les endroits où il est possible de connecter les projets ou de trouver un endroit où l’on peut faire des démarches pour avoir la capacité nécessaire pour se connecter en 2027-2028. »

Le Québec devra également bonifier la capacité du réseau d’Hydro-Québec, la société d’État estimant qu’il faudrait 100 térawattheures en nouveaux approvisionnements en électricité propre pour décarboner le Québec d’ici 2050.

En décembre dernier, le gouvernement Legault a permis à la société d’État de repousser de quelques mois un appel d’offres d’énergie éolienne de 2300 mégawatts (MW) afin de prioriser les endroits où les projets peuvent être connectés au réseau plus rapidement. À certains emplacements, la construction des infrastructures nécessaires au réseau de transport électrique aurait nécessité plus de temps.

Des échéanciers devancés

Malgré le défi que représente la congestion des réseaux à moyen terme, Boralex parvient à accroître sa filière de projets. La société recense 5524 MW de projets en développement ou en construction à travers le monde. Il s’agit d’une augmentation de 35 % par rapport à l’an dernier.

Boralex est parvenue à devancer l’échéancier de certains projets dans un contexte de rareté de main-d’oeuvre et de pression inflationniste, souligne l’analyste Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux. « Dans cet environnement difficile, Boralex excède encore les attentes avec la mise à jour sur ces projets en développement. »

L’analyste note que l’entreprise a devancé à 2024 le moment prévu de la mise en service de l’équivalent de 150 MW. « Nous anticipions que 195 MW pourraient être mis en service en 2024, ce chiffre a été relevé à 345 MW, soit une augmentation de 150 MW. »

Une perte

Au quatrième trimestre, Boralex a dévoilé une perte nette de 7 millions de dollars, comparativement à un bénéfice de 20 millions pour la période correspondante de l’an dernier. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 68 %, à 322 millions.

La société a produit 1619 gigawattheures d’électricité, soit une progression de 9 %. La production est 2 % inférieure aux attentes de la direction. La production éolienne était près de la cible, mais la production hydroélectrique et solaire était inférieure de 12 % et 3 %, respectivement.

L’analyste Nelson Ng, de RBC Marchés des capitaux, estime que le quatrième trimestre de l’entreprise répond à ses attentes. Il souligne que les résultats sont meilleurs qu’il ne l’avait prédit pour le segment de l’énergie solaire et éolienne, mais que l’hydroélectricité et les coûts de l’entreprise sont légèrement inférieurs à ses prévisions.

La valeur de l’action de Boralex a perdu 42 cents, ou 1,17 %, pour se chiffrer à 35,39 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto.

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