Hydro-Québec fait des profits records depuis deux ans

Les Québécois n’ont jamais autant consommé d’électricité, indique Hydro-Québec. Pour cause, puisque le mois de janvier 2022 a été le début d’année « le plus rigoureux » depuis 2004.
Paul Chiasson La Presse canadienne Les Québécois n’ont jamais autant consommé d’électricité, indique Hydro-Québec. Pour cause, puisque le mois de janvier 2022 a été le début d’année « le plus rigoureux » depuis 2004.

Hydro-Québec n’a jamais été aussi rentable. Un mois de janvier très froid et la flambée des prix de l’énergie ont permis à la société d’État d’engranger un bénéfice net record de 4,55 milliards de dollars en 2022.

Le montant de ces revenus est en hausse de 993 millions de dollars (28 %) par rapport à l’an dernier. Le dividende versé au gouvernement québécois, son unique actionnaire, se chiffre à 3,4 milliards de dollars pour l’exercice qui se termine. Il s’agit du plus gros montant de l’histoire d’Hydro-Québec.

Le marchand d’électricité a profité de la guerre en Ukraine et de la hausse corollaire du prix de l’énergie pour électriser ses ventes à l’étranger. La valeur des exportations est en hausse de 60 % par rapport à 2021. Elle totalise maintenant 3 milliards de dollars. Le volume des exportations n’a pas changé et s’est maintenu à un niveau comparable à celui de l’année précédente. En revanche, le kilowattheure se vendait 5 ¢ sur le marché en 2021, tandis qu’il s’écoulait à 8,2 ¢ en 2022.

La haute direction d’Hydro-Québec parle de « la meilleure performance financière de son histoire ». Ce succès double ainsi l’exercice financier de 2021, qui avait aussi fracassé des records de profitabilité chez Hydro-Québec.

Il ne faut pas s’attendre à ce que ces résultats exceptionnels se poursuivent cette année, a prévenu le chef de la direction financière, Jean-Hugues Lafleur, au moment de dévoiler ces résultats. Les prix sont déjà « revenus à un niveau autour de 5 ¢ » et le volume des ventes ne devrait pas grandement varier.

Un froid payant

À l’intérieur du Québec, les ventes d’électricité ont atteint 13 milliards de dollars, soit 912 millions de plus qu’en 2021.

Les Québécois n’ont jamais autant consommé d’électricité, explique Hydro-Québec. Pour cause, puisque le mois de janvier 2022 a été le début d’année « le plus rigoureux » depuis 2004.

Quelques bémols ont jeté de l’encre rouge dans le chiffrier d’Hydro-Québec. Le derecho du printemps 2022 a privé d’électricité un demi-million de clients. La facture pour rebrancher tout ce monde — 126 millions de dollars — est la plus élevée qu’ait dû régler Hydro-Québec pour des intempéries du genre depuis la crise du verglas. L’achat d’électricité en période de pointe a forcé la société d’État à acheter pour 2,8 milliards de dollars de watts, une augmentation de 665 millions de dollars par rapport à 2021. Le froid et la hausse du prix de l’énergie sur les marchés expliquent tout autant cette note salée.

Les investissements n’ont pas pour autant fléchi. Près de 4,3 milliards ont été placés partout au Québec, dont 3 milliards uniquement pour la « pérennisation » des infrastructures. En comparaison, le programme d’investissement avait totalisé 4,2 milliards de dollars en 2021 et 3,4 milliards de dollars un an plus tôt.

La ligne à haute tension qui reliera le poste Micoua, sur la Côte-Nord, au poste du Saguenay, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, accapare une grande portion de ces investissements. Le plus gros chantier d’Hydro-Québec de la dernière décennie, le complexe de la Romaine, a été parachevé en 2022 avec la mise en service du dernier groupe turbine-alternateur en septembre dernier.

La dernière de Sophie Brochu

La présentation de ces résultats financiers était la dernière de la présidente-directrice générale, Sophie Brochu, qui a démissionné en janvier dernier et qui quittera ses fonctions en avril. Questionnée sur les raisons de son départ alors qu’elle enchaîne les succès, elle a rejeté toute conjecture sur une mésentente entre elle et le gouvernement Legault. « Je comprends le désir des gens de connecter des points. Je ne suis pas en conflit avec personne, a-t-elle déclaré. Est-ce que je peux avoir des préoccupations ? Est-ce que je peux avoir des désaccords ? Je ne suis pas en conflit avec le gouvernement. Je vais être plate, mais je ne fais pas de politique. »

N’empêche que son départ coïncide avec un « point pivot » pour la société d’État, selon ses dires. La « transition énergétique » tant débattue doit s’accélérer, et « ce n’est pas le temps des lobbyings ».

Outre la « décarbonation » de ses industries, Québec doit réduire sa consommation globale d’électricité, a affirmé l’administratrice. « L’efficacité énergétique est plus importante que la production, a-t-elle dit […] L’idée, ce n’est pas l’un ou l’autre, mais c’est absolument nécessaire de déployer tous les moyens de gestion de la demande. […] C’est le temps que Québec se donne un vrai code du bâtiment orienté sur la transition énergétique. »

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