À qui vont les profits engendrés par les hausses de taux?

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Bien qu’essentielles au fonctionnement de l’économie, les banques figurent toujours en bonne place parmi les entreprises les moins populaires. L’affaire ne doit pas s’arranger avec l’augmentation au pas de course des taux d’intérêt, d’autant que cette hausse n’est pas toujours la même entre les intérêts qu’on leur doit et ceux qu’elles doivent nous verser. À qui vont les profits engendrés par ces hausses de taux ? se demande un lecteur, Patrick Léonard.
On n’a pas la berlue si on a l’impression que les institutions financières ont relayé aussi vite que possible la hausse, depuis un an, de 4,25 points de pourcentage du taux directeur de la Banque du Canada aux taux d’intérêt des prêts hypothécaires ou des marges de crédit alors que ceux que reçoivent leurs déposants pour leurs humbles comptes épargne et comptes chèques sont restés au ras du sol, dit Claudia Champagne, professeure de finance à l’Université de Sherbrooke.
Il arrive parfois que les banques offrent des taux moins faméliques pour attirer de nouveaux clients, note-t-elle, mais cela ne reste jamais en vigueur bien longtemps. Cela tient entre autres au fait que ces prétendus « comptes épargne » sont plus considérés aujourd’hui comme un outil servant aux « transactions quotidiennes et que, lorsque les gens veulent épargner, ils se tournent souvent vers des véhicules un peu plus sophistiqués, comme les dépôts à terme et des fonds de placement, dont les taux de rendement sont beaucoup plus liés aux taux d’intérêt ».
Variable selon les institutions financières, l’importance relative de la clientèle des particuliers dans leurs chiffres d’affaires reste élevée. Mais leurs résultats financiers et leurs profits dépendent aussi d’autres secteurs d’activité, comme les services aux entreprises, la gestion de patrimoine et l’assurance.
Or, la hausse des taux d’intérêt de la banque centrale annonce habituellement un ralentissement de l’économie, voire une récession, qui laisse présager un ralentissement des occasions d’affaires et une augmentation du nombre d’emprunteurs qui feront défaut. En prévision, les banques doivent resserrer leurs conditions de prêts et mettre de côté de plus importantes provisions destinées à éponger les pertes. Ce qui, dans tous les cas, affectera leurs résultats, observe Claudia Champagne.
Cinq des six plus grandes banques canadiennes, de même que le Mouvement Desjardins, ont d’ailleurs rapporté, dans leurs plus récents résultats financiers, soit une stagnation, soit un recul de leurs profits par rapport à la même période un an plus tôt. Cette perte de rendement n’a pas échappé aux marchés boursiers, la composante Banques de l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto affichant un recul de 11 % depuis un an.
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