Une croissance de l’emploi surprenante

Des travailleurs de la construction effectuent des travaux de rénovation au Rogers Centre de Toronto.
Frank Gunn La Presse canadienne Des travailleurs de la construction effectuent des travaux de rénovation au Rogers Centre de Toronto.

La croissance de l’emploi cause la surprise. Dans leurs prévisions, les économistes s’attendaient à ce que les taux d’intérêt accrus pèsent sur le marché du travail. L’emploi est demeuré résilient, et ce, particulièrement au Québec.

L’économie canadienne a ajouté 150 000 nouveaux emplois le mois dernier, selon la dernière enquête sur la population active de Statistique Canada, publiée vendredi. Avec 153 000 personnes qui ont intégré la population active le mois dernier, le taux de chômage est resté stable à 5 %, juste au-dessus du creux record de 4,9 %.

Au Québec, il s’est créé 47 400 emplois le mois dernier. Le taux de chômage a ainsi été abaissé à 3,9 %, ce qui représente un recul de 0,1 point de pourcentage et un retour du taux près de son creux historique mesuré en novembre. Le Québec affiche le plus bas taux de chômage au Canada.

À l’échelle canadienne, l’emploi est dans une tendance à la hausse depuis septembre, gonflant d’un total cumulatif de 326 000 emplois. Et ce, même si les prévisionnistes s’attendent à ce que le coût d’emprunt accru fasse considérablement ralentir l’économie cette année et pèse sur le secteur.

La plupart des emplois ajoutés à l’économie le mois dernier étaient à temps plein, et les personnes de 25 à 54 ans étaient à l’origine des gains.

Salaire en dessous de l’inflation

Le marché du travail étant en pleine effervescence, les salaires ont également augmenté, bien qu’à un rythme plus lent que l’inflation. En janvier, les salaires ont augmenté de 4,5 % d’une année à l’autre, soit légèrement moins qu’en décembre. Le ralentissement de la croissance des salaires reflète en partie le fait que les salaires moyens étaient relativement élevés en janvier 2022 dans la mesure où les restrictions liées à la COVID-19 avaient entraîné des pertes d’emplois dans les secteurs les moins bien rémunérés.

Là aussi, le Québec fait bande à part, avec une progression annuelle du salaire horaire moyen qui s’est accélérée, passant de 6,7 % en décembre à 6,9 % en janvier.

Bien que l’emploi soit le dernier indicateur à tourner pendant un ralentissement économique, le marché du travail a dépassé les attentes de la plupart des experts. « Les nouvelles du marché du travail continuent d’étonner. Même si les variations mensuelles doivent être interprétées avec prudence, on aurait pu s’attendre à un repli de l’emploi en janvier, étant donné la détérioration d’autres indicateurs économiques », écrit Florence Jean-Jacobs, économiste principale au Mouvement Desjardins.

6,7%
C’est le taux de progression annuel du salaire horaire moyen au Québec.

« Au Québec, alors que les signaux précurseurs de l’économie pointent vers une probable récession, poursuit Mme Jean-Jacobs, le marché du travail démontre une résilience surprenante pour l’instant. Le contexte de vieillissement de la main-d’oeuvre et de la pénurie de travailleurs semble atténuer les chocs d’un ralentissement économique sur le marché du travail jusqu’à maintenant. »

Fin janvier, la banque centrale a indiqué qu’elle prévoyait maintenir son taux directeur à 4,5 % pour laisser le temps à des taux d’intérêt plus élevés de se propager dans l’économie. La banque centrale espère voir un assouplissement du marché du travail, ce qui, selon elle, est nécessaire pour que l’inflation revienne à sa cible de 2 %.

Avec Le Devoir

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