Des sondages qui mettent en lumière des préoccupations financières

Jean Décary
Collaboration spéciale
Plus de la moitié des répondants (52 %) d’un récent sondage d’Equifax s’inquiètent de ne pas pouvoir payer leurs factures à la fin du mois.
Photo: Getty Images Plus de la moitié des répondants (52 %) d’un récent sondage d’Equifax s’inquiètent de ne pas pouvoir payer leurs factures à la fin du mois.

Ce texte fait partie du cahier spécial Finances personnelles

De récents sondages ont mis en lumière des préoccupations financières grandissantes, à la fois pour les particuliers et pour les professionnels qui gèrent leurs portefeuilles. Le dévoilement de ces résultats survient dans un contexte d’insécurité économique marqué par une hausse du coût de la vie et des taux d’intérêt.

Le coup de sonde d’Equifax rendu public à la fin de l’année dernière a mis au jour des préoccupations de Québécois et de Canadiens pour qui les factures mensuelles et l’endettement, entre autres, représentent un fardeau de plus en plus lourd. En fait, seulement la moitié des personnes sondées (50 %) affirmaient voir leur avenir financier avec optimisme, une proportion qui s’élevait à 61 % l’année précédente.

Plus de la moitié des répondants (52 %) s’inquiètent de ne pas pouvoir payer leurs factures à la fin du mois. Cette préoccupation est d’autant plus vive chez les personnes âgées de plus de 65 ans qui ont répondu par l’affirmative dans une proportion de 73 %, comparativement à 40 % chez les jeunes âgés de 18 à 34 ans.

Selon les données obtenues par l’agence canadienne d’évaluation du crédit, le Québec serait la province où la sécurité d’emploi préoccuperait le plus de répondants (49 %). À l’opposé, l’Alberta, avec 27 %, est celle qui est le moins préoccupée par cette question. Concernant le remboursement des dettes, les résultats suivent la même tendance, alors que la question préoccuperait 46 % des Québécois contre seulement 29 % des Albertains.

L’utilisation des cartes de crédit serait en forte hausse, voire « à des sommets historiques » selon Equifax. Les données colligées par l’agence indiquent que cette forme de paiement a augmenté au cours des six derniers trimestres. « Le solde moyen des cartes de crédit détenues par les Canadiens atteignait un niveau record de 2121 $ à la fin de septembre. » La dette moyenne des consommateurs canadiens, excluant leur hypothèque, se chiffrerait à 21 188 $, un sommet depuis le premier trimestre de 2020.

Le professeur de finance au collège Montmorency Youcef Ghellache, fondateur du site Educfinance et créateur du groupe Facebook L’argent ne dort jamais, n’est pas étonné des résultats du sondage, compte tenu du contexte économique actuel. D’autant que le stress financier est un thème récurrent chez beaucoup de gens. « C’est la somme d’un manque d’éducation financière, qui amène les gens à prendre de mauvaises décisions, et du contexte économique, marqué par l’inflation, qui ajoute une pression supplémentaire sur le portefeuille des consommateurs. » L’expert est d’avis que les gens doivent passer à l’action en prenant leurs finances en main, en faisant un budget et en éliminant certaines dépenses discrétionnaires. « Il y a moyen de revoir certains postes budgétaires sans couper dans ce qui est essentiel, comme l’épicerie ou le logement. »

Les professionnels aussi inquiets par la hausse des taux d’intérêt

Une majorité de courtiers en placement et de gestionnaires de portefeuille canadiens se disent également préoccupés par « la stabilité du système financier canadien », selon la première enquête annuelle sur les risques systémiques menée à l’automne 2022 par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM), dont fait partie l’Autorité des marchés financiers (AMF). « Plus de 60 % des répondants se sont dit de “légèrement préoccupés” à “très préoccupés” », peut-on lire dans les résultats du sondage.

Les thèmes comme l’endettement des ménages, le marché immobilier, les risques géopolitiques et les cyberrisques sont des sources de préoccupation pour les 626 répondants professionnels qui ont pris part à l’enquête entre octobre et novembre 2022. C’est toutefois la question des hausses des taux d’intérêt qui figurerait en tête des risques pour la stabilité du système financier canadien, alors que 67 % des répondants jugent que cela représente un risque très élevé (20 %) ou élevé (47 %). Seulement 28 % considèrent la hausse des taux d’intérêt comme un risque modéré. L’endettement des ménages arrive tout juste au second rang des risques jugés comme préoccupants pour la stabilité du système financier, alors que 66 % des répondants estiment que cela représente un risque très élevé (22 %) ou élevé (44 %).

« Les résultats de l’enquête reflètent les changements du contexte économique au cours de la dernière année », fait remarquer Philippe Bergevin, économiste principal à l’Autorité des marchés financiers et président du Comité sur les risques systémiques des Autorités canadiennes en valeurs mobilières. Il rappelle néanmoins que les niveaux de préoccupation demeurent relativement faibles, avec une majorité des répondants se disant « légèrement préoccupés » par la stabilité du système financier.

« Le système financier canadien et québécois est très résilient et bien encadré, et il a démontré par le passé sa grande capacité à absorber de tels chocs économiques et financiers », a-t-il précisé.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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