« C’est une page d’histoire qui se tourne. Des bars qui ont duré aussi longtemps, des endroits mythiques comme Le Saint-Sulpice, ça n’existe plus. » Jean-Philippe L’Heureux a eu un pincement au coeur dimanche en apprenant la fermeture du bar Le Saint-Sulpice, situé sur la rue Saint-Denis, dans le Quartier latin.

« Ça évoque tellement de souvenirs pour moi : c’est là que j’ai commencé à travailler dans les bars et que j’ai commencé à faire mes classes en gestion. Ça a été des rencontres à profusion avec des gens exceptionnels. Et c’est là que j’ai rencontré la mère de mes enfants… »

Au début des années 2000, âgé de 18 ans, Jean-Philippe a fait tous les boulots dans cet établissement qui comptait 10 bars, un restaurant, une piste de danse et une immense terrasse à l’arrière. « C’était toujours plein ! » raconte-t-il avec nostalgie au bout du fil.

De 2006 à 2010, Jean-Philippe était l’un des gérants de l’établissement, une expérience qui lui sert encore aujourd’hui, dans son poste de gestionnaire pour une société d’État. « Le propriétaire, Maurice Bourassa, m’a beaucoup montré la gestion d’une entreprise. C’était un ancien professeur de psychologie, et il utilisait beaucoup la psychologie pour rallier les gens et faire avancer ses idées. Il avait un sens des affaires très aiguisé et c’était un excellent mentor. Avec lui, j’ai eu la chance de développer mon style de gestion. »

Des clients nostalgiques

Jean-Philippe L’Heureux n’est pas le seul à replonger dans ses souvenirs de jeunesse ces derniers jours. Sur la page Facebook du Saint-Sulpice, où la fermeture officielle a été annoncée dimanche, plus de 200 personnes avaient commenté lundi, plusieurs évoquant des souvenirs impérissables, parlant de la « fin d’une époque » et de « deuils ».

« Que de nostalgie d’entendre cette nouvelle, écrit une cliente. Un lieu marquant dans mon parcours universitaire ! Merci pour ces superbes années et tous ces souvenirs de beaux moments. »

Ça évoque tellement de souvenirs pour moi : c’est là que j’ai commencé à travailler dans les bars et que j’ai commencé à faire mes classes en gestion. Ça a été des rencontres à profusion avec des gens exceptionnels. Et c’est là que j’ai rencontré la mère de mes enfants...

— Jean-Philippe L’Heureux

 

« Merci pour toutes ces soirées merveilleuses et inoubliables passées au début des années 90 dans cet endroit magnifique. Que de beaux souvenirs […], y compris la bonne sangria ! » relate une autre internaute.

« Un monument des partys étudiants, quelle triste journée », renchérit un autre, qui pleure la perte de son bar de karaoké préféré.

Déclaration officielle

Dans les commentaires, plusieurs clients se questionnent également sur les raisons de cette fermeture. Mais à ce sujet, l’administration de l’établissement reste coite, s’en tenant à une courte déclaration de deux phrases sur sa page Facebook. « Le Café-Bar Le Saint-Sulpice fermera définitivement ses portes à la fin du mois de février 2023, après 43 ans d’existence. Nous remercions toute notre clientèle, et particulièrement celle étudiante et artistique », peut-on lire.

Le bar de la rue Saint-Denis était particulièrement réputé pour son immense terrasse et était bien connu des étudiants de l’UQAM et du cégep du Vieux Montréal.

À l’automne 2020, le bar avait fermé ses portes pour des rénovations. L’établissement a dû cesser à nouveau ses activités pendant la pandémie.

En janvier 2022, La Presse rapportait que l’établissement avait été mis en vente pour la deuxième fois depuis 2019, au prix de 15 millions de dollars. Selon l’article, il y avait un intérêt pour la mise en oeuvre d’un projet mixte commercial et résidentiel.

L’administration n’a pas répondu aux messages laissés par Le Devoir lundi. Sur la porte de l’établissement, fermé lors de notre passage, une affiche indiquait que les lieux sont réservés pour des tournages télé et cinéma jusqu’au printemps 2023.

Cette annonce survient quelques jours seulement après celle de la fermeture d’une autre institution du Quartier latin, soit le magasin Archambault situé à l’intersection des rues Berri et Sainte-Catherine Est.