Microsoft va licencier environ 10 000 employés

Le géant informatique américain Microsoft, invoquant l’incertitude économique et les changements de priorités de ses clients, va licencier environ 10 000 employés d’ici la fin mars, ce qui viendra ébranler un peu plus un secteur déjà touché par d’importantes réductions de personnel.
L’entreprise se séparera donc d’un peu moins de 5 % de ses effectifs. Elle prévoit aussi de modifier son portefeuille d’équipements informatiques et de réduire le nombre d’espaces de travail. « C’est le genre de choix difficiles que nous avons fait tout au long de nos 47 ans d’existence pour rester une entreprise importante dans un secteur qui ne pardonne pas à ceux qui ne s’adaptent pas aux changements », a souligné le patron de Microsoft, Satya Nadella, dans une lettre aux employés.
Ces mesures d’économies représenteront une charge de 1,2 milliard de dollars dans les comptes du deuxième trimestre décalé que le groupe doit dévoiler le 24 janvier. Son chiffre d’affaires est attendu en progression de seulement 2,7 % sur un an, un rythme très faible pour le géant informatique, qui est habitué à une croissance à deux chiffres.
Si « les clients ont accéléré leurs dépenses informatiques pendant la pandémie », ils sont maintenant en train de chercher à les optimiser pour « faire plus avec moins », a souligné M. Nadella dans la lettre. Les entreprises du monde entier font par ailleurs preuve de « prudence » face aux risques de récession, tandis que les progrès de l’intelligence artificielle secouent le secteur, avance-t-il.
Microsoft avait initialement résisté grâce au dynamisme de l’infonuagique, mais les entreprises tendent à limiter leurs investissements depuis quelques mois par crainte d’une dégradation de la conjoncture.
Pas une « surprise »
Interrogé mercredi sur les licenciements, au cours d’une intervention au Forum de Davos, Satya Nadella a pointé du doigt les effets de l’inflation sur la croissance économique. « Personne ne peut défier les lois de la gravité », a-t-il noté.
Microsoft avait déjà procédé à deux séries de licenciements. La première, en juillet, portait sur moins de 1 % des effectifs, selon l’entreprise. La deuxième a eu lieu en octobre et visait moins de 1000 personnes, selon le site d’information Axios.
D’autres grands groupes technologiques ont décidé de réduire leurs effectifs ces derniers mois, à l’instar d’Amazon et de Salesforce, qui ont annoncé début janvier le licenciement d’environ 18 000 et 8000 salariés respectivement. Meta, la maison mère de Facebook et d’Instagram, a aussi annoncé en novembre la suppression de 11 000 emplois.
Ces licenciements massifs interviennent toutefois après une grande vague d’embauches qui a eu cours pendant la pandémie, alors que les entreprises du secteur tentaient de répondre à l’explosion de la demande pour le matériel de télétravail et les divertissements à domicile.
Microsoft, qui, selon son site, compte actuellement 221 000 employés dans le monde, a fait 75 000 embauches depuis 2019, rappelle ainsi dans une note Dan Ives, du cabinet Wedbush. Ces licenciements ne sont pas une « surprise » à ses yeux. Le groupe « va continuer à dépenser stratégiquement dans l’infonuagique, les fusions et acquisitions [avec le rachat prévu de l’éditeur de jeux vidéo Activision] et les paris sur l’innovation [ChatGPT], et poursuivre son accélération en matière d’innovation tout en réduisant les domaines non stratégiques [matériel, etc.] », prédit l’analyste.
Selon des informations de presse, Microsoft serait notamment sur le point d’injecter 10 milliards de dollars dans la jeune entreprise californienne OpenAI, à l’origine du robot conversationnel ChatGPT, qui fait sensation depuis son lancement en raison de sa capacité à répondre avec fluidité à des questions variées, et du générateur d’images Dall-E.