La hausse de la rémunération et l’embauche ont ralenti

Le marché du travail fait preuve de résilience face à la hausse des taux d’intérêt dans l’ensemble de l’économie, les employeurs américains ayant ajouté 4,5 millions d’emplois en 2022.
Photo: Spencer Platt Getty Images via Agence France-Presse Le marché du travail fait preuve de résilience face à la hausse des taux d’intérêt dans l’ensemble de l’économie, les employeurs américains ayant ajouté 4,5 millions d’emplois en 2022.

Les employeurs américains ont créé 223 000 emplois en décembre, preuve que l’économie reste saine même si la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) augmente rapidement les taux d’intérêt pour tenter de ralentir la croissance économique et la cadence des embauches.

Alors que les entreprises continuent de créer des emplois dans l’ensemble de l’économie, le taux de chômage est passé de 3,6 % à 3,5 %, ce qui correspond à un creux de 53 ans, a annoncé vendredi le département du Travail.

Tout compte fait, le rapport sur l’emploi de décembre porte à croire que le marché du travail se refroidit d’une manière qui pourrait aider la Fed à lutter contre la forte inflation. Le gain du mois dernier a été le plus faible en deux ans, et il a prolongé le ralentissement de l’embauche observé pendant la majeure partie de 2022.

En outre, la croissance de la rémunération horaire moyenne a ralenti en décembre pour atteindre son rythme le plus lent en 16 mois. Ce ralentissement pourrait réduire la pression exercée sur les employeurs afin qu’ils augmentent les prix pour compenser la hausse de leurs coûts de main-d’oeuvre. La croissance du salaire horaire moyen s’est chiffrée à 4,6 % en décembre par rapport à 12 mois plus tôt, comparativement à une augmentation de 4,8 % d’une année à l’autre en novembre et au récent sommet de 5,6 % de mars.

« Si ces tendances se poursuivent, nous pouvons être de plus en plus convaincus que la vigueur de ce marché du travail est durable », a indiqué Nick Bunker, responsable de la recherche économique pour le site d’emploi Indeed Hiring Lab. « Les perspectives pour l’année prochaine sont incertaines, mais de nombreux signes évoquent un atterrissage en douceur », plutôt qu’une récession redoutée.

La croissance de l’emploi du mois dernier a couronné une deuxième année d’affilée d’embauche robuste au cours de laquelle la nation a retrouvé les 22 millions d’emplois qu’elle avait perdus à cause de la pandémie de COVID-19. Cependant, l’embauche rapide et les fortes augmentations de salaire qui l’ont accompagnée ont probablement contribué à une flambée des prix qui a catapulté l’inflation à son plus haut niveau en 40 ans.

Des horizons plus sombres

Le tableau pour 2023 est beaucoup plus nuageux. De nombreux économistes prévoient une récession au second semestre, conséquence de la succession de fortes hausses de taux de la Fed. Les responsables de la banque centrale ont prévu que ces augmentations entraîneraient le taux de chômage à 4,6 % d’ici la fin de l’année.

Pour l’instant, du moins, le marché du travail fait preuve d’une résilience étonnante face à la hausse des taux d’intérêt dans l’ensemble de l’économie. Les employeurs ont ajouté 4,5 millions d’emplois en 2022, en plus de 6,7 millions en 2021. Toutes ces embauches faisaient partie d’un puissant rebond qui a suivi la récession pandémique de 2020.

En juin, l’inflation annuelle a atteint 9,1 %, son plus haut niveau en 40 ans, et elle a ralenti à 7,1 % en novembre. L’an dernier, dans une campagne dynamique d’abaissement de l’inflation vers son objectif de 2 %, la Fed a relevé sept fois son taux d’intérêt directeur.

4,6 %
Il s'agit de la croissance du salaire horaire moyen en décembre par rapport au même mois en 2021.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a récemment souligné, dans des remarques, qu’une forte croissance constante de l’emploi, qui peut obliger les employeurs à augmenter les salaires pour trouver et garder des travailleurs, pouvait perpétuer l’inflation : les entreprises augmentent souvent les prix pour répercuter leurs coûts de main-d’oeuvre accrus sur les clients. Et un salaire plus élevé alimente généralement les dépenses de consommation, ce qui peut maintenir l’inflation à un niveau élevé.

Pour cette raison, M. Powell et d’autres responsables de la Fed ont fait part de leur conviction que pour que l’inflation soit maîtrisée, le chômage devra augmenter par rapport à son faible niveau actuel.

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