Les responsables de la Fed ne prévoient pas de baisse des taux en 2023

Le rythme des hausses de taux devra être déterminé selon l’évolution des prix à la consommation, car les actions prises par la Fed mettent du temps à faire sentir leurs pleins effets, est-il précisé dans le compte rendu de la réunion de décembre.
Stefani Reynolds Archives Agence France-Presse Le rythme des hausses de taux devra être déterminé selon l’évolution des prix à la consommation, car les actions prises par la Fed mettent du temps à faire sentir leurs pleins effets, est-il précisé dans le compte rendu de la réunion de décembre.

Aucun responsable de la banque centrale américaine (Fed) ne s’attend à une baisse de son taux directeur en 2023, face à une inflation bien plus persistante que prévu, selon le compte rendu de leur dernière réunion, publié mercredi.

« Aucun participant ne s’attend à ce qu’il soit approprié de commencer à réduire le taux directeur en 2023 », est-il écrit dans le procès-verbal de la réunion des 13 et 14 décembre.

Ils tablent, en revanche, sur des « augmentations continues » des taux, estimant qu’elles seront sans doute « appropriées pour l’atteinte des objectifs », c’est-à-dire ramener l’inflation autour de 2 %.

À (re)lire :

La récession de la Fed, une chronique de Gérard Bérubé rédigée à la suite de la réunion de la mi-décembre de la banque centrale américaine

Leur rythme devra être déterminé selon l’évolution des prix à la consommation, car les actions prises par la Fed, qui relève les taux depuis le mois de mars, mettent du temps à faire sentir leurs pleins effets, est-il précisé.

« Les participants ont généralement observé qu’une politique restrictive devrait être maintenue jusqu’à ce que les données indiquent que l’inflation est sur une trajectoire descendante persistante et se fixera à 2 %, ce qui devrait prendre un certain temps », détaille encore ce compte rendu.

Certains responsables de la Fed ont aussi invoqué le fait que « l’histoire nous met en garde contre un assouplissement prématuré de la politique monétaire ».

Ralentir la hausse pour « évaluer les progrès »

Les prévisions économiques publiées par la Fed à l’issue de la réunion montrent que les responsables de l’institution prévoient désormais de faire grimper le taux directeur au-delà des 5 %, alors qu’ils le voyaient culminer à 4,60 % lors des précédentes prévisions, publiées en septembre.

Les taux avaient, lors de la réunion de la mi-décembre, été relevés d’un demi-point, ce qui les a portés dans la fourchette de 4,25 à 4,50 %, leur niveau le plus élevé depuis 2007.

Cette hausse forte marquait cependant un ralentissement par rapport aux réunions précédentes, lors desquelles le comité avait eu recours à des hausses de trois quarts de points, une première depuis 1994.

Ce ralentissement doit permettre « de mieux évaluer les progrès de l’économie par rapport aux objectifs » de la Fed, au moment où « la politique monétaire s’approche d’une position suffisamment restrictive pour atteindre ces objectifs », souligne encore le compte rendu de la réunion.

L’équilibre entre inflation et récession

Les responsables de l’institution monétaire, cependant, ont insisté pour dire que le ralentissement ne signifie pas que la Fed est moins déterminée à ramener l’inflation dans les clous. Ni que le comité considère que l’inflation est d’ores et déjà en train de ralentir durablement.

« Le procès-verbal montre que la Fed va réduire l’inflation au risque de nuire au marché du travail et à l’économie en général », analyse Ryan Sweet, économiste pour Oxford Economics, dans une note.

Car ce ralentissement volontaire de l’activité économique destiné à abaisser l’inflation pourrait faire plonger l’économie américaine dans la récession.

L’économiste s’attend à ce que le taux soit haussé d’un quart de point seulement lors de la prochaine réunion de la Fed, prévue les 31 janvier et 1er février.

L’inflation est tombée en novembre à 5,5 % sur un an, contre 6,1 % en octobre, selon l’indice PCE (indice des dépenses de consommation personnelle), privilégié par la Fed.

Une autre mesure, l’indice CPI (indice des prix à la consommation), qui fait référence et en fonction duquel sont indexées les retraites, a également montré un fort ralentissement en novembre, soit une inflation de 7,1 % sur un an contre 7,7 % en octobre.



À voir en vidéo