L’aide des gouvernements a fait contrepoids à l’inflation

L’aide financière ponctuelle des gouvernements a permis de compenser une bonne partie, voire la totalité de l’envolée de l’inflation cette année, estime une étude.
Habitués de voir l’inflation ronronner aux alentours de la cible de 2 % de la Banque du Canada, les Québécois ont dû composer en 2022 avec une augmentation annuelle moyenne de l’indice des prix à la consommation de 6,8 %. Cela a incité les gouvernements à déployer toutes sortes de mesures ponctuelles pour amortir le choc en attendant, notamment, que les mécanismes d’indexation prévus dans leurs processus normaux de répartition de la richesse s’adaptent à la réalité.
Cette aide des gouvernements a permis de compenser 29 % de la perte de pouvoir d’achat qu’aurait fait subir autrement cette inflation aux familles monoparentales au revenu disponible médian, mais plus de 40 % de celle qu’auraient essuyée les couples avec ou sans jeunes enfants, 84 % de celle des couples de 65 ans et plus et même plus encore pour les personnes seules (106 %), estime une étude dévoilée mercredi par la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke.
Cette compensation a été plus élevée encore pour les ménages qui travaillent au salaire minimum à temps plein, aussi bien pour les familles monoparentales (80 %) que pour les couples avec ou sans enfants (99 % et 121 % respectivement) et les personnes seules (117 %).
Pour mémoire, le gouvernement du Québec a notamment versé en 2022 une « prestation exceptionnelle pour le coût de la vie » allant de 275 $ à 400 $ aux bénéficiaires du crédit de solidarité, puis un montant ponctuel de 500 $ à tous les contribuables gagnant moins de 100 000 $ par année, et une autre somme encore, allant de 400 $ à 600 $, à la fin de l’année. Le gouvernement fédéral, pour sa part, a majoré de 50 % son crédit pour la TPS.
« La projection de l’année 2023 révèle que l’indexation des régimes d’imposition [prendra] le relais des mesures ponctuelles », expliquent les auteurs de l’étude, qui se sont principalement basés, pour la période de 2020 à 2023, sur des estimations et des projections, en attendant la publication de statistiques officielles.
En effet, établie en fonction de l’inflation passée, l’indexation des tables d’impôt et des transferts sociaux devrait s’élever à 6,3 % au gouvernement fédéral l’année prochaine, contre une inflation attendue au Canada de 3,5 % ; et être de 6,4 % au gouvernement du Québec, contre une inflation projetée de 3,7 %.
Des Québécois plus riches
Les statistiques officielles révèlent que pour les 14 types de ménages analysés dans l’étude, la période de 2000 à 2019 a été marquée par une augmentation totale du pouvoir d’achat réel qui varie entre 13 % (personnes seules de 75 ans et plus) et 64 % (familles monoparentales), les couples avec enfants (40 %) et sans enfants (38 %) se trouvant quelque part au milieu.
Ces hausses réelles du revenu disponible, auxquelles on a soustrait l’inflation, sont venues aussi bien de l’augmentation des salaires que des baisses d’impôt et de l’augmentation des transferts sociaux destinées notamment aux ménages avec enfants, ont expliqué en conférence vidéo les chercheurs de la Chaire de l’Université de Sherbrooke, soit Frédérick Hallé-Rochon, Luc Godbout et Suzie St-Cerny.
Dix des 14 types de ménages étudiés auront continué d’améliorer leur pouvoir d’achat réel durant la période s’étalant du début de la pandémie jusqu’à l’année prochaine. Ce sera notamment le cas des ménages travaillant au salaire minimum, avec des gains allant de 0,5 % (couple avec enfants) à presque 9 % (couple sans enfants), mais pas celui des couples avec enfants (-1,3 %) ou sans enfants (-1 %) au revenu disponible médian, qui auront plutôt fait du surplace.
« Ainsi, de manière générale, l’analyse a montré que les montants ponctuels offerts entre 2020 et 2022, que ce soit pour la COVID-19 ou pour pallier la hausse du coût de la vie, ont permis de stabiliser la variation de l’indice du pouvoir d’achat durant ces années mouvementées », concluent ses auteurs.