Comment traverser la tempête économique ?

Pour un objectif de moins de trois ans — ou plutôt que de laisser son argent dans un compte-chèques, car la Bourse nous inquiète —, mieux vaut déposer plutôt qu’investir.
Photo: iStock Pour un objectif de moins de trois ans — ou plutôt que de laisser son argent dans un compte-chèques, car la Bourse nous inquiète —, mieux vaut déposer plutôt qu’investir.

L’inflation et la Bourse vous donnent le tournis, de même que la perspective d’une récession ? La hausse des taux vous inquiète du fait de votre hypothèque ? Nous avons demandé à des planificateurs financiers des conseils pour mieux vivre cette période postpandémique dans laquelle, au moins, le chômage n’est pas un problème.

Revoir son budget pour contrer l’inflation

Quand l’économie ne va pas bien, il est avisé de revoir son budget. Si une personne dépense 4000 $ par mois et que l’inflation est de 10 %, André Lacasse, planificateur financier chez Services financiers Lacasse, propose qu’elle tente de supprimer 400 $ de dépenses inutiles. « Certaines personnes payent plus de 300 $ par mois pour le téléphone, Internet, le câble, Netflix, etc. C’est beaucoup », dit-il.

On limite donc les restaurants et les plats préparés, et on cuisine. On pratique le covoiturage. On suspend les projets de rénovation étant donné que l’inflation accroît le prix des matériaux et on calfeutre son domicile pour réduire la facture de chauffage.

Mais on ne réduit pas l’épargne, souligne M. Lacasse : on cotise à son REER ou à son CELI avec des versements automatiques hebdomadaires ou bimensuels.

Choisir selon ses objectifs

Économise-t-on pour acheter une voiture l’an prochain, un chalet dans cinq ans ou pour prendre sa retraite dans vingt ans ?

Pour un objectif de moins de trois ans — ou plutôt que de laisser son argent dans un compte-chèques, car la Bourse nous inquiète —, mieux vaut déposer plutôt qu’investir. Fabien Major, planificateur financier et conseiller en gestion de patrimoine chez Gestion de capital Assante, suggère de déposer ses économies dans des comptes d’épargne à haut rendement, qui peuvent atteindre « près de 4 % aujourd’hui », ou dans des fonds négociés en Bourse d’épargne à intérêt élevé, comme le FNB d’Horizons nommé CASH. « L’argent n’est pas à risque et accumule un certain intérêt », dit-il.

Puisque la hausse des taux d’intérêt des banques centrales tire à sa fin, le « marché est extrêmement propice aux obligations », ajoute M. Major. Avec un objectif de plus de trois ans, il propose des fonds communs obligataires comme celui à revenu stratégique de Manuvie ou celui à revenu mensuel de Pimco.

Lorsque l’inflation va diminuer, les actions seront favorisées, rappelle le planificateur.

Certificats de placement garanti ou non ?

Aux particuliers qui craignent une autre année négative et qui sont attirés par les certificats de placement garanti (CPG), qui offrent désormais des taux de près de 5 %, M. Lacasse conseille au moins de les prendre dans un REER ou un CELI, puisque les revenus d’intérêt sont imposables à 100 %. M. Major préfère cependant les guider vers les FNB d’épargne à intérêt élevé, car « les taux n’ont pas fini de monter » et la liquidité demeure accessible pour investir.

Dominic Paquette, planificateur financier et fondateur du cabinet Partenaire-Conseils, quant à lui, recommande les CPG, « si ça correspond à l’objectif du client ».

Être diversifié, investiret maintenir le cap

Les trois planificateurs financiers consultés s’entendaient pour dire que le mieux, c’est de rester investi avec des placements suffisamment diversifiés pour ne pas avoir envie de vendre quand cela baisse.

MM. Major et Paquette recommandent des placements équilibrés. « On ne se trompe pas beaucoup avec ces placements, dit M. Major. C’est passe-partout et c’est un bon temps pour regarder ça. À long terme, on peut avoir entre 6 et 9 % ». M. Paquette suggère des portefeuilles comme celui de Fidelity Équilibre mondial, une « solution autogérée », moins volatile qu’un portefeuille d’actions et offrant « presque le même rendement ».

Si la fluctuation des marchés nous irrite, M. Lacasse conseille quant à lui d’investir à intervalles réguliers une somme toujours identique dans le même produit, comme un fonds commun, peu importe l’état du marché. Cette stratégie, le dollar-cost averaging, évite d’essayer d’anticiper l’impossible et permet de garder la tête froide. Il faut « faire attention aux manchettes tape-à-l’oeil » qui reflètent le court terme, rappelle-t-il.

Une personne à la retraite devra s’intéresser à sa stratégie de décaissement avant d’être tentée de sortir du marché ; un planificateur financier peut la guider.

Et l’hypothèque ?

Avant de rembourser son prêt hypothécaire par anticipation, les trois planificateurs financiers préconisent d’utiliser des surplus de liquidités pour cotiser à son REER et, ensuite, d’utiliser le remboursement d’impôt pour réaliser un paiement anticipé.

En finances, dit M. Major, quand on prend une décision, on renonce à autre chose. Si l’hypothèque est à 5 % et qu’on rembourse du capital au lieu d’investir dans son REER alors qu’on est « en ce moment à la fin du marché baissier », dit-il, il est « hautement probable » qu’on se privera de « rendements supérieurs à 5 % dans les 12 prochains mois ». Et on renonce également à la liquidité qu’offre un REER en cas d’urgence.

M. Paquette rappelle par ailleurs l’importance de faire des paiements accélérés toutes les semaines, ce qui diminue de près de quatre ans le nombre d’années de remboursement.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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