Sept milliards de dollars envolés en raison du manque de main-d’oeuvre au Québec

Quand les entreprises ne trouvent pas suffisamment d’employés, elles doivent renoncer à des contrats, ralentir la cadence de production et, parfois, livrer la marchandise en retard, soutient l’association Manufacturiers et Exportateurs du Québec.
Photo: Getty Images iStockphoto Quand les entreprises ne trouvent pas suffisamment d’employés, elles doivent renoncer à des contrats, ralentir la cadence de production et, parfois, livrer la marchandise en retard, soutient l’association Manufacturiers et Exportateurs du Québec.

Faute de personnel, les entreprises manufacturières québécoises refusent des contrats, accumulent des retards… et essuient des pertes financières. Au total, c’est près de 7 milliards de dollars qu’elles ont dû laisser sur la table au cours de la dernière année, selon un nouveau sondage de l’association Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) dévoilé mercredi.

« La pénurie de main-d’oeuvre, c’est le plus grand frein à la croissance des manufacturiers québécois », a lancé d’emblée Véronique Proulx, p.-d.g. de MEQ, en conférence de presse.

Quand les entreprises ne trouvent pas suffisamment d’employés, cela a un coût économique, a-t-elle rappelé. Elles doivent renoncer à certains contrats, ralentir leur cadence de production et, parfois, livrer la marchandise en retard. Des 7 milliards de dollars partis en fumée, 4 milliards sont dus à des contrats refusés ou retardés, et 3 milliards à des investissements annulés ou retardés.

Au cours de la dernière année, le secteur manufacturier a généré plus de 180 milliards de dollars au Québec, selon les chiffres de MEQ. Les pertes liées à la pénurie de main-d’oeuvre ne représentent donc qu’environ 4 % du volume de ses activités, mais ce sont des pertes de « trop », croit Mme Proulx.

Quand on déménage ses activités à l’extérieur du Québec, c’est très rare qu’on les ramène

 

« Dans un contexte de relance économique, d’inflation, d’une récession à nos portes, est-ce que le Québec peut vraiment se permettre de laisser 7 milliards de dollars, dont des investissements importants au niveau technologique ? La réponse est non », affirme-t-elle

Risque de délocalisation ?

Pénalisées par le manque de travailleurs, environ trois entreprises manufacturières québécoises sur dix ont songé à « déménager une partie de leurs activités à l’étranger ou à donner davantage de contrats à l’étranger » lors de la dernière année, apprend-on également dans le sondage.


 

« Quand on déménage ses activités à l’extérieur du Québec, c’est très rare qu’on les ramène », soulève Mme Proulx, qui réclame du gouvernement qu’il prenne à bras-le-corps l’enjeu de la pénurie de main-d’oeuvre en haussant les seuils d’immigration, en facilitant l’intégration des travailleurs étrangers et en offrant plus de soutien aux entreprises en lien avec l’automatisation et la robotisation.

« Au Québec, recruter, c’est comme pêcher dans un lac vide : il n’y a personne ! On manque de travailleurs, et il faut travailler sur la question de l’immigration », estime la p.-d.g. de MEQ.

Et les salaires ?

Si les postes moins bien rémunérés sont plus difficiles à combler, les postes vacants offrant de meilleurs salaires sont, quant à eux, plus nombreux, révèle par ailleurs le sondage.

« Près de la moitié (49 %) des postes vacants au sein des entreprises sondées se trouvent dans la tranche salariale de 20 $ à 29 $ l’heure. Environ 4 sur 10 (38 %) se trouvent dans les tranches salariales supérieures à 30 $ l’heure », souligne-t-on.

Au deuxième trimestre de 2022, il y avait 31 985 postes vacants dans le secteur manufacturier québécois, en hausse par rapport aux 30 720 postes vacants comptabilisés au premier trimestre, selon les données de Statistique Canada.

Le sondage de MEQ a été mené entre le 14 septembre et le 11 octobre 2022 auprès d’environ 300 entreprises manufacturières québécoises.

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