Plus d’encadrement réclamé pour la formation à distance au collégial

Signe que les cours en ligne ont le vent dans les voiles, les données provisoires de 2021-2022 montrent qu’il y a près de 50 000 inscriptions-cours.
Photo: John MacDougall Agence France-Presse Signe que les cours en ligne ont le vent dans les voiles, les données provisoires de 2021-2022 montrent qu’il y a près de 50 000 inscriptions-cours.

Avec un nouveau rapport de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) à l’appui, les étudiants au collégial réclament plus d’encadrement pour les cours à distance, dont les inscriptions ont fortement augmenté dans les établissements d’enseignement supérieur de la province dans la foulée de la pandémie.

« En ce moment, il y a un débalancement de la population étudiante. Il y a trop de monde dans les cégeps des grands centres, et pas assez dans les régions plus petites. On ne prend pas en compte la formation à distance là-dedans, parce que c’est un phénomène récent », souligne la présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Maya Labrosse. La distribution des programmes devrait être mieux gérée par Québec, croit-elle.

L’organisation étudiante a collaboré avec l’IREC dans le cadre d’un rapport intitulé L’offre de formation à distance au collégial. État des lieux et enjeux socioéconomiques rendu public mardi matin. Le rapport se penche sur la stratégie numérique en éducation et en enseignement supérieur déployée en 2018 sous le gouvernement Couillard, financée à 58 millions.

« Des cégeps en région ont recouru à l’enseignement à distance pour remédier au manque d’effectifs et compléter leurs groupes », souligne l’auteur de l’étude, Éric N. Duhaime. La pandémie a accentué le phénomène, ce qui génère une plus grande rivalité entre les établissements. Par exemple, 18 cégeps offrent un programme à distance en techniques d’éducation à l’enfance.

« Ça devient contre-productif et ça risque d’être une compétition malsaine, soutient M. Duhaime. On peut imaginer que les plus gros établissements, qui ont plus de moyens, vont faire concurrence à de plus petits établissements en région plus éloignée, qui parvenaient à tirer leur épingle du jeu. »

L’IREC propose neuf recommandations dans son rapport, notamment d’assurer un minimum de coordination dans l’offre de formation à distance à l’échelle du Québec, pour « éviter une surenchère de programmes ».

En croissance

 

Le chercheur a fait plusieurs demandes d’accès à l’information auprès d’établissements et auprès du gouvernement. Selon les données qu’il a obtenues du ministère de l’Enseignement supérieur, la formation à distance a été en croissance de l’année scolaire 2016-2017 à celle de 2019-2020. Elle est passée de près de 9900 à 12 200 inscriptions-cours, un même étudiant étant généralement inscrit à plusieurs cours lors d’un même trimestre. La pandémie a fait exploser le nombre d’inscriptions-cours, qui a grimpé à près de 265 000 en 2020-2021.

Signe que les cours en ligne ont le vent dans les voiles, les données provisoires de 2021-2022 montrent qu’il y a près de 50 000 inscriptions-cours.

Des données à traiter avec prudence, prévient toutefois Éric N. Duhaime, qui affirme que le ministère ne semble pas avoir une idée claire du nombre d’inscrits. Le chercheur a également eu de la difficulté à avoir une liste des cours offerts à distance. Il estime que Québec n’a pas un portrait précis, ce qu’il trouve préoccupant compte tenu des sommes investies.

« On navigue à vue, sans trop de points de repère, dit-il. On connaît mal la problématique et les enjeux de la formation à distance. »

De son côté, la FECQ croit que le Québec « a pris de mauvais plis » en termes de méthode pédagogique lors de la pandémie. « Ça ne peut pas simplement être des cours de type présentiel qu’on offre à distance, lance Maya Labrosse. Il faut l’adapter à la formule en ligne, donc il faut donner suffisamment de ressources financières et de temps aux enseignants pour accomplir ces tâches. » Elle pense que le Québec a un retard à rattraper sur sa gestion de la formation à distance, comparativement à l’Ontario ou à la Colombie-Britannique.


Une version antérieure de cet article, qui avait confondu le nombre d'étudiants et le nombre d'inscriptions-cours, a été modifiée. 

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