Delta craint la faillite
Atlanta — Delta Air Lines, un important client de Bombardier Aéronautique, prévoit enregistrer une perte «substantielle» au cours l'exercice en cours et évoque même la possibilité de se placer sous la protection de la loi sur les faillites si sa situation financière continue de se détériorer.
Le troisième transporteur aérien aux États-Unis précise, dans son rapport annuel déposé auprès de la Securities and Exchange Commission, gendarme des marchés boursiers aux États-Unis, que les flux de trésorerie provenant de ses activités devraient être insuffisants pour lui permettre de faire face à ses besoins de liquidités.Cette annonce a fait chuter de plus de 11 % le cours de l'action de Delta à la Bourse de New York. Le titre a clôturé à 4,33 $US, en baisse de 56 ¢US, au cours d'une séance où le volume de transactions a été près de trois fois plus élevé que la moyenne quotidienne.
Delta doit faire face à des obligations financières totalisant 3,4 milliards $US en 2005, sous la forme de baux, d'intérêts sur sa dette, de créances qui arrivent à échéance ainsi que de financement pour le fonds de retraite des employés. Devant de telles obligations, la direction de Delta dit que l'avenir de l'entreprise est incertain.
Delta a pu éviter de se placer sous la protection de la loi sur les faillites l'année dernière grâce à des concessions d'une valeur de un milliard $US de la part de ses pilotes.
La perte de 5,2 milliards $US pour l'exercice en 2004 est la plus importante jamais enregistrée par un transporteur aérien aux États-Unis. Delta n'a pas précisé hier quelle sera l'ampleur de sa perte en 2005. La direction souhaite réduire les coûts de plus de cinq milliards d'ici la fin de 2006, mais elle précise que même si elle y parvient — ce qu'elle juge d'ailleurs peu probable —, cela pourrait s'avérer insuffisant, compte tenu de la forte concurrence sur le marché américain du transport aérien.
En janvier dernier, Delta a d'ailleurs déclenché une guerre de prix en annonçant une forte réduction de ses tarifs sur les vols intérieurs.
En septembre, la direction a fait savoir qu'elle supprimera 7000 emplois au cours d'une période de 18 mois, ce qui s'ajoute aux 16 000 postes éliminés depuis 2001.
Bombardier
Les difficultés financières de Delta représentent également une menace pour les employés de Bombardier. En octobre dernier, Bombardier annonçait la suppression de quelque 2000 emplois — dont 1400 dans la région de Montréal — en raison d'un ralentissement de la cadence de production pour les jets régionaux à 50 places rendu nécessaire par les difficultés financières de deux importants clients, Delta et US Airways.
Bombardier précisait alors que 1200 autres emplois pourraient être supprimés si la situation financière de Delta devait se détériorer.