Les taux d’intérêt vont continuer de grimper

Les locaux de la banque du Canada, rue Wellington, à Ottawa
Photo: Sean Kilpatrick La Presse canadienne Les locaux de la banque du Canada, rue Wellington, à Ottawa

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, persiste et signe : les taux d’intérêt doivent continuer d’augmenter pour dompter l’inflation, et ce, en dépit des risques grandissants qu’une récession survienne l’année prochaine, a-t-il soutenu vendredi, à la suite de la réunion annuelle organisée par le Fonds monétaire international (FMI).

« Il y avait une ambiance d’inquiétude, mais il y avait aussi une ambiance de détermination autour de la table », a souligné M. Macklem, en référence aux conversations qu’il a eues avec ses collègues du secteur à Washington, lors d’une rencontre avec la presse.

La volatilité des prix de l’énergie, les incertitudes sur la scène géopolitique ou encore les « conséquences imprévues d’un resserrement nécessaire des conditions financières » figurent parmi les principaux sujets d’inquiétudes, a énuméré M. Macklem.

Le risque qu’une inflation élevée s’enracine

« Il y a la crainte que, plus l’inflation élevée demeure longtemps, plus le risque qu’une inflation élevée s’enracine augmente. Il y a un large consensus pour dire que la menace la plus immédiate à notre prospérité actuelle et future demeure cette inflation élevée », a déclaré le gouverneur de la Banque du Canada. Il est déterminé à poursuivre sa politique de hausse du taux directeur, malgré des perspectives de croissance à la baisse et le risque grandissant d’une récession en début d’année prochaine.

En août, l’Indice des prix à la consommation augmentait de 7 % sur une base annuelle au Canada — en baisse par rapport au pic du mois de juin (8,1 %), mais encore largement au-dessus de l’objectif de la banque centrale de maintenir l’inflation autour de 2 %. L’inflation sous-jacente, qui exclut les articles à prix volatils, comme la nourriture et le carburant, ne montre aucun signe de dissipation, a souligné M. Macklem.

En plus d’une baisse de l’inflation, la Banque du Canada espère aussi voir « un refroidissement du marché de l’emploi », a spécifié M. Macklem, alors que l’économie continue d’être en surchauffe.

Selon la dernière Enquête sur la population active de Statistique Canada, le taux de chômage est tombé à 5,2 % en septembre, alors que moins de Canadiens cherchaient du travail, contre 5,4 % en août. En septembre, l’économie canadienne affichait un gain de 21 000 emplois, après trois mois de pertes nettes.

Politique de taux restrictive

 

Alors que la Banque du Canada doit faire la prochaine annonce du taux directeur le 26 octobre prochain, en même temps qu’il déposera son rapport sur les prévisions économiques, une nouvelle hausse semble inévitable.

Après avoir augmenté le taux directeur d’un point de pourcentage en juillet et de trois quarts de points de pourcentage en septembre, pour que celui-ci s’établisse à 3,25 %, la politique de taux au Canada est désormais restrictive, ou supérieure au taux neutre, alors que celui-ci se situe entre 2 et 3 % selon la Banque du Canada.

« Nous avons été clairs quant au fait que les taux d’intérêt doivent continuer à augmenter. Jusqu’à quel point et durant combien de temps devront-ils l’être pour ramener la stabilité des prix ? Nous évaluerons cela selon l’évolution de l’économie », a déclaré M. Macklem.

Dans un rapport publié fin septembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estimait que le taux directeur du Canada pourrait augmenter jusqu’à 4,5 % en 2023.

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