Pour renforcer le service en français dans les restaurants

Le programme d’accompagnement est conçu spécifiquement pour répondre aux besoins de francisation des restaurateurs.
Photo: Olivier Zuida Archives Le Devoir Le programme d’accompagnement est conçu spécifiquement pour répondre aux besoins de francisation des restaurateurs.

De nombreux restaurateurs montréalais ont besoin d’aide pour servir adéquatement les clients en français, selon l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM). L’organisme leur offrira dès la semaine prochaine de la formation gratuite directement dans leur commerce et par une application mobile.

Au restaurant Hong Mère, à Verdun, pratiquement tous les employés sont d’origine chinoise.

« Ça prend quasiment trois langues pour être serveur dans un restaurant chinois, explique le propriétaire, Yulong Shuang. Plusieurs cuisiniers ne parlent pas français, alors le serveur doit pouvoir communiquer avec eux en mandarin. Les clients veulent être servis en français ou en anglais, et il y a aussi de la clientèle chinoise unilingue. »

Avec la pénurie de main-d’oeuvre, il est difficile de trouver des employés qui correspondent directement à ces critères. La plupart des employés de M. Shuang, des étudiants étrangers ou de nouveaux arrivants, suivent des cours de français, mais ne parlent pas la langue couramment.

« J’aimerais qu’ils comprennent mieux les besoins des clients par rapport à des mots liés à la restauration, comme lactose ou crustacés », dit l’homme d’affaires.

C’est pour cette raison que M. Shuang a l’intention de participer au programme d’accompagnement DIALOGUEFR, lancé jeudi par l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal.

Développé en collaboration avec le Cégep du Vieux Montréal et avec le soutien financier du gouvernement du Québec, il est conçu spécialement pour répondre aux besoins de francisation des restaurateurs. Il sera offert dans un premier temps aux commerçants du boulevard Saint-Laurent, du Quartier latin, de la rue Saint-Denis, de la promenade Wellington, de Côte-des-Neiges, de la Plaza Saint-Hubert, de Griffintown, de la Petite-Bourgogne et de Saint-Henri. Dans ces secteurs, environ 5 % des restaurateurs auraient besoin de soutien en francisation, selon l’ASDCM.

Apprendre dans le feu de l’action

« Dans une perspective de rareté de main-d’oeuvre et de retour des étudiants étrangers à Montréal, peut-être que le besoin de soutien langagier va être de plus en plus important », ajoute le directeur général de l’ASDCM, Billy Walsh.

Par l’intermédiaire d’une application, les restaurateurs ont librement accès à 80 capsules interactives. Selon la volonté des commerçants, des formateurs se rendront aussi directement sur leur lieu de travail, dans le cadre d’un forfait de 100 heures divisibles en tranches d’une heure ou de 30 minutes.

« Ce n’est pas un cours où on s’assoit et on transmet de l’information. On est dans l’action. On appuie de façon linguistique les activités du commerçant », a fait valoir M. Walsh, qui souligne que l’apprentissage du français peut être profitable pour les restaurateurs.

M. Walsh évalue le coût du programme à environ 600 000 $, le développement de l’application compris.

L’organisation a annoncé jeudi un deuxième programme, nommé IMAGEFR, qui offre un accompagnement visant le respect des règles d’affichage en français. Pour ces deux projets, l’ASDCM souhaite recruter une soixantaine de commerces participants.

L’ASDCM espère aussi obtenir du financement pour un deuxième volet de DIALOGUEFR, qui serait destiné à d’autres types de commerces.

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