Les banques canadiennes pourraient être exclues du club « Net zéro » de l’ONU

Une raffinerie de pétrole en Alberta
Photo: Dan Barnes iStock Une raffinerie de pétrole en Alberta

Les grandes banques canadiennes n’en font pas assez pour réduire leur empreinte carbone, et elles pourraient être exclues du club « Net zéro » de l’Organisation des Nations unies (ONU), estime Greenpeace Canada dans un nouveau rapport publié mercredi.

Dans un document d’analyse intitulé Alignés sur l’objectif zéro ? Les prétendus engagements net zéro des banques canadiennes, l’organisme de défense de l’environnement exhorte les grandes banques canadiennes — la Banque Royale (RBC), la Banque Scotia, TD, la Banque de Montréal (BMO) et CIBC — à présenter des plans crédibles et ambitieux pour éliminer progressivement leur soutien aux combustibles fossiles.

Ces cinq grandes banques font partie de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), une initiative destinée à accélérer la décarbonation du secteur financier d’ici 2050, qui a été lancée quelques mois avant le sommet de la COP26 à Glasgow, en novembre dernier. Toutefois, elles continuent d’agir comme les principales bailleuses de fonds des combustibles fossiles au niveau mondial, souligne Greenpeace.

Dans un rapport publié au printemps dernier, on apprenait déjà que les cinq grandes banques canadiennes figuraient parmi les 20 banques dans le monde ayant octroyé le plus de financement au secteur des combustibles fossiles entre 2016 et 2021. Sur la même période, elles ont également chacune augmenté leur financement à cette industrie. « Cela illustre leur hypocrisie et l’écoblanchiment auquel elles participent », estime Keith Stewart, stratège principal en matière d’énergie chez Greenpeace Canada.

Sans plan robuste pour réduire leurs émissions, elles pourraient être évincées de la GFANZ, ce qui nuirait « à leur crédibilité en matière de lutte contre les changements climatiques et à leur réputation », estime M. Stewart.

De nouvelles conditions

 

Les grandes banques canadiennes disposent de peu de temps pour s’adapter. En juin, Race To Zero, une campagne menée par l’ONU chargée de définir les standards auxquels les membres de la GFANZ sont assujettis, a déjà annoncé de nouveaux critères plus stricts pour faire partie de l’alliance — notamment une interdiction de soutenir les nouveaux projets de charbon. Les membres existants ont jusqu’à juin prochain pour se conformer à ces critères.

Selon le Financial Times, Race To Zero serait en train de mettre en place un organe de responsabilisation indépendant auprès duquel les groupes de la société civile pourraient dénoncer les institutions financières qui ne respectent pas les critères. L’organisme aurait aussi le pouvoir d’expulser les institutions financières de la GFANZ à partir de 2023.

L’ONU pourrait annoncer des contrôles renforcés pour s’assurer que les institutions financières satisfont aux nouveaux critères, et ce, dès septembre, lors de la Semaine du climat de New York, puis les lancer lors du sommet de la COP27, qui se tiendra en Égypte en novembre, toujours selon le quotidien économique.

Au total, GFANZ regroupe plus de 450 sociétés de financement représentant 130 000 milliards de dollars américains d’actifs dans le monde. L’initiative est dirigée par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, aux côtés de l’ancien maire de New York Michael Bloomberg et de l’ancienne présidente de la Securities and Exchange Commission (SEC) Mary Schapiro.

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