Les producteurs de veaux de grain travaillent à perte

Les éleveurs de veaux de grain sont ébranlés par la hausse des prix des aliments nécessaires pour nourrir leur cheptel.
Les coûts de production dépassant maintenant le prix de vente, le manque à gagner pourrait se chiffrer pour plusieurs producteurs dans les dizaines de milliers de dollars sans aide financière.
« En fait, pour nous, les veaux de grain, c’est la deuxième année où le coût de production est supérieur au prix de vente », observe Louis-Joseph Beaudoin, président du comité de mise en marché des veaux de grain des Producteurs de bovins du Québec.
Un veau de grain coûte actuellement 1175 dollars à produire alors qu’il est vendu 1090 dollars. À ces prix, le manque à gagner pour un producteur moyen — environ 500 animaux annuellement — pourrait représenter jusqu’à 42 5000 dollars.
Aide financière
Résultat : la Financière agricole doit aider financièrement les éleveurs pour une deuxième année d’affilée. En juillet, la Financière agricole — dont la mission est d’assurer un revenu aux agriculteurs — a ainsi versé 2,4 millions de dollars aux producteurs de veaux de grain.
« Ces sommes permettront aux producteurs d’avoir accès à des liquidités dans un contexte où le prix de vente est inférieur au coût de production », expliquait l’organisation, lors de l’annonce.
Le veau de grain désigne le veau qui, après avoir été alimenté au lait pendant cinq semaines, se nourrit de grains, comme le maïs. Et c’est justement le coût des aliments qui servent à nourrir les bêtes qui pèse actuellement sur l’industrie.
« L’alimentation, ça représente environ 50 % de nos coûts de production », explique M. Beauchemin, précisant que le prix du principal aliment, le maïs, a bondi de 28 % en un an. « La hausse des derniers mois est directement liée au marché mondial [des grains] qui est bouleversé par la guerre en Ukraine. »
Et les producteurs de veaux ne sont pas les seuls. La Financière agricole a également versé 12,5 millions de dollars aux producteurs d’agneaux en juillet.
Dans le cas du veau, il s’agit d’une réalité dont l’impact dépasse les frontières québécoises.
Des plus de 200 000 veaux produits au Canada, 75 % de la production est faite au Québec. En fait, 100 % des veaux de lait et 60 % des veaux de grain viennent de la province. Quoique les prix payés par les consommateurs aient augmenté ces dernières semaines, « on fait tout pour ne pas leur passer la facture », assure M. Beaudoin.
Les restaurateurs
Les éleveurs craignent qu’une augmentation des prix en épiceries ou dans les boucheries ébranle les efforts déployés dans les dernières années pour se tailler une place dans ce créneau. « On a travaillé fort pour que les gens en consomment à la maison, dans leur quotidien », fait-il valoir.
Et concernant les restaurants ? « Les restaurateurs peuvent changer de protéines, mais pour le veau, ils vont souvent se tourner, malheureusement, vers le veau d’importation qui est un veau qui n’est pas de la même qualité et qui vient souvent de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. »
M. Beaudoin rappelle que les éleveurs qu’il représente sont aujourd’hui « en concurrence avec toutes les protéines, pas juste la viande : poisson, tofu, etc. ». Les habitudes alimentaires ont en effet considérablement changé la consommation de protéines.
Selon les données de Statistique Canada, en trente ans, la quantité de veau consommé a chuté de près de 40 %, passant entre 1991 et 2021 de 1,48 kg à 0,89 kg.