Plus des deux tiers des Canadiens ont reçu de l’aide pendant la pandémie

Plus des deux tiers des Canadiens ont reçu une forme ou l’autre d’aide financière offerte par les gouvernements pour amortir le choc de la pandémie à sa première année.
Sur un total d’un peu plus de 30 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus, 20,7 millions — ou 68,4 % — ont bénéficié d’au moins un programme visant à atténuer l’impact financier de la COVID-19 en 2020, a rapporté mardi Statistique Canada sur la base d’informations recueillies lors du dernier recensement. En fait, cette proportion a été plus forte encore pour la plupart des Canadiens (si l’on exclut les plus riches et les plus pauvres), de même que pour les femmes, les personnes les plus jeunes et les plus âgées, ainsi que pour les Québécois.
En 2020, le Canada s’est classé au quatrième rang des pays du G20 pour ses dépenses d’aide liées à la pandémie, à raison de 270 milliards de dollars en soutien aux particuliers et aux entreprises, ou 12,3 % de son produit intérieur brut (PIB). Il n’était dépassé en cela que par l’Australie (15,3 %), les États-Unis (14,4 %) et le Japon (13,8 %),avait alors constaté le Fonds monétaire international.
La PCU et les autres
Sur ces 270 milliards, la moitié (135,5 milliards) a été versée par les gouvernements fédéral et provinciaux directement aux particuliers sous forme de nouvelles prestations d’urgence et de relance (comme la Prestation canadienne d’urgence), de prestations complémentaires de programmes existants (comme une allocation canadienne pour enfants et un crédit pour la TPS-TVQ enrichis) et d’un programme d’assurance-emploi amélioré.
L’autre moitié de l’aide financière des gouvernements a pris la forme de subventions salariales et d’aides directes aux entreprises, dont Statistique Canada n’a pas tenu compte dans son examen.
De toutes les mesures, c’est le versement supplémentaire du programme de remboursement de la TPS-TVQ qui a bénéficié au plus grand nombre de Canadiens, soit à plus du tiers (36 %). Destiné aux ménages à revenu faible ou moyen, il s’est élevé cette année-là à un montant médian de 424 $. La PCU est arrivée en deuxième position, en touchant le quart des Canadiens avec les prestations médianes les plus élevées de toutes, soit 8000 $ par bénéficiaire. En troisième position, on trouve la prestation complémentaire unique de la Sécurité de la vieillesse de 300 $ versée à presque neuf Canadiens âgés de 65 ans et plus sur 10.
Comme ces multiples mesures pouvaient se recouper, un peu moins de 10 millions de Canadiens ont bénéficié d’un seul programme, 6,7 millions de deux programmes et 4,5 millions de trois programmes ou plus.
Entre riches et pauvres
Premières touchées par la crise, les femmes ont été proportionnellement plus nombreuses (75 %) que les hommes (62 %) à recevoir de l’aide, notamment sous la forme d’une allocation pour enfants améliorée (23 % contre seulement 1 %).
Frappés en masse par les pertes d’emplois, les jeunes de 20 à 24 ans ont aussi été beaucoup plus nombreux (88 %) que les Canadiens de 25 à 54 ans (67 %) ou de 55 à 64 ans (50 %) à avoir droit à au moins un programme d’aide, notamment la PCU (45 %) et le crédit pour TPS-TVQ (75 %). Ce sont toutefois les personnes de 65 ans et plus qui ont été les plus nombreuses (92 %) à recevoir de l’aide.
Logiquement, les plus riches ont été moins nombreux à recevoir de l’aide financière spéciale de la part des gouvernements, à raison de 27 % des Canadiens appartenant aux 10 % les plus fortunés, mais avec une proportion qui augmente rapidement à 47 % et 64 %, respectivement, pour les 9e et 8e déciles, juste au-dessous.
Paradoxalement, les 10 % de Canadiens les plus pauvres ont aussi été moins nombreux (30 %) à recevoir de l’aide, en partie parce que ces personnes « étaient moins susceptibles d’être admissibles aux prestations d’urgence et de relance », note Statistique Canada.
Entre les deux extrêmes, la proportion n’a rien à voir et s’élève entre 78 % (7e décile) et 93 % (4e décile). Allant de sommes médianes de 640 $ (7e décile) à 2600 $ (2e décile), les montants ont représenté en moyenne plus de 13 % des revenus après impôt des Canadiens qui y ont eu droit, mais de 19 % à 58 % des revenus du tiers des plus pauvres.
Ces écarts sont presque aussi prononcés entre les groupes d’âge, l’aide financière apportée aux plus jeunes comptant en moyenne pour 29 % des revenus de leurs bénéficiaires de 20 à 24 ans — et même pour 43 % de ceux de 15 à 19 ans —, contre 11 % chez les 25 à 54 ans, 17 % chez les 55 à 64 ans et seulement 6 % chez les 65 ans et plus.
Et le Québec
Avec une moyenne canadienne de 68 %, le Québec (71 %) est l’une des provinces où la plus forte proportion de la population a reçu de l’aide pendant la pandémie, avec la Colombie-Britannique (75 %) et le Nouveau-Brunswick (70 %). Ces écarts s’expliquent par une plus grande offre de programmes dans certaines provinces, mais aussi par les revenus et la composition démographique des populations, explique Statistique Canada.
Le Québec est aussi l’un des endroits où le plus de citoyens ont reçu des prestations d’urgence et de relance (29 % contre une moyenne canadienne de 25 %), aux côtés de l’Alberta (29 %).