Olymel veut abattre plus de porcs

Olymel planche sur un projet d’agrandissement et de modernisation de son usine d’abattage située à Ange-Gardien. Ce projet d’expansion qui ne devrait pas, par ailleurs, être réalisé dans les prochains mois permettrait d’accroître de près de 30 % la capacité d’abattage du site.
Dans une demande déposée à la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ), chien de garde des terres cultivables du Québec, le géant de la transformation Olymel présente l’expansion de l’usine d’Ange-Gardien, en Montérégie, comme « essentielle » pour assurer « la compétitivité de la filière porcine québécoise ».
L’entreprise cite en exemple ses concurrents américains, dont les usines abattent en moyenne 80 800 bêtes par semaine, ce qui dépasse de beaucoup la capacité des sites québécois. Avec cet agrandissement, Olymel serait en mesure d’abattre chaque semaine près de 50 000 porcs, une augmentation de 30 % comparativement à sa capacité actuelle, qui se situe à 35 000.
« Des systèmes d’automatisation, de robotisation et d’intelligence artificielle seraient ainsi installés à différents niveaux de la chaîne de production permettant d’accroître la production tout en diminuant le nombre de postes requis », lit-on dans les documents de la CPTAQ, qui a d’ailleurs donné le feu vert pour le projet la semaine dernière.
Des investissements majeurs — montant qu’Olymel n’a pas dévoilé — seront nécessaires à l’expansion et à la modernisation du site. Sans cet agrandissement, l’entreprise fait valoir qu’il sera difficile d’atteindre l’objectif de la politique bioalimentaire du Québec. Celle-ci vise une augmentation des exportations bioalimentaires de 6 milliards de dollars d’ici 2025.
Olymel a confirmé au Devoir ces démarches et l’existence de son projet d’agrandissement. L’entreprise refuse toutefois de le détailler. « Rien n’a encore été annoncé publiquement », indique Richard Vigneault, responsable des communications corporatives chez Olymel.
Toutefois, il « n’est pas envisageable » de commencer l’agrandissement de l’usine à court terme, dit-il : « Les conditions ne sont pas réunies, les conditions de marché d’une part et les conditions de main-d’oeuvre. Et on sort d’une pandémie. »
Bras de fer avec les Éleveurs
Ce projet d’agrandissement devant mener à une augmentation du nombre de porcs abattus arrive après qu’Olymel a réduit en mars dernier sa capacité annuelle d’abattage de 1,25 million de bêtes, dont 530 000 provenant du Québec.
Cette réduction des achats a mené à un bras de fer entre l’entreprise et les Éleveurs de porcs du Québec (EPQ) compte tenu du fait qu’Olymel est le plus important producteur, transformateur et distributeur de viandes de porc de la province. Le déséquilibre entre la production porcine et la capacité d’abattage est patent dans la province. Pour être abattues, des bêtes d’une quarantaine de sites quittent le Québec en direction de l’Ontario, du Manitoba et des États-Unis.
Contactés par Le Devoir, les EPQ affirment n’être « pas au courant des détails des projets d’Olymel quant à cet agrandissement. Cependant, si ce projet permet de maintenir ou d’augmenter les niveaux d’achat de porcs québécois, celui-ci est bien reçu par notre organisation ».
L’industrie porcine au Québec en chiffres
- 7 millions de porcs élevés et abattus chaque année
- 1700 fermes porcines
- 70 % de la production est exportée
- 3,36 milliards de dollars en retombées économiques