Inculpations pour délit d’initié sur Coinbase, une première dans les cryptomonnaies

Le régulateur américain des marchés et les services du procureur fédéral de Manhattan ont annoncé jeudi la mise en accusation d’un directeur de produit de Coinbase, de son frère et d’un ami.
Photo: Richard Drew Associated Press Le régulateur américain des marchés et les services du procureur fédéral de Manhattan ont annoncé jeudi la mise en accusation d’un directeur de produit de Coinbase, de son frère et d’un ami.

D’anciens responsables de Coinbase, une des plus importantes plateformes d’échange de cryptomonnaies au monde, ont été inculpés jeudi aux États-Unis pour fraude électronique et délit d’initié, une première dans le domaine des monnaies virtuelles.

Le régulateur américain des marchés (SEC) et les services du procureur fédéral de Manhattan ont annoncé jeudi la mise en accusation d’un directeur de produit de Coinbase, de son frère et d’un ami. Les trois suspects sont accusés de « complot de fraude électronique dans le cadre d’un stratagème visant à commettre un délit d’initié […] en usant d’informations confidentielles sur des cryptoactifs qui devaient être inscrits sur les Bourses de Coinbase », selon un communiqué. Ishan Wahi, 32 ans, et son frère, Nikhil Wahi, ont été arrêtés jeudi matin à Seattle, tandis que le troisième suspect, Sameer Ramani, « est toujours en liberté ».

Selon le procureur du district du sud de New York, Damian Williams, « ces accusations sont un rappel supplémentaire que le Web3 n’est pas une zone de non-droit ». Le Web3 correspond à l’évolution d’Internet vers un univers décentralisé, basé sur la technologie de la « blockchain », des registres partagés censés assurer la sécurité et la transparence des transactions. « Le mois dernier, j’ai annoncé le tout premier cas de délit d’initié impliquant des NFT, et aujourd’hui, j’annonce le tout premier cas de délit d’initié impliquant des marchés de cryptomonnaies », a-t-il indiqué.

Le directeur adjoint du FBI, Michael Driscoll, a précisé que les accusés avaient « effectué des transactions illégales sur au moins 25 actifs cryptographiques différents et avaient réalisé des gains mal acquis totalisant environ 1,5 million de dollars ».

Détournement d’informations

À partir d’octobre 2020, Ishan Wahi a travaillé chez Coinbase en tant que chef de produit chargé d’une liste d’actifs. Il était engagé dans le processus hautement confidentiel d’inscription de cryptoactifs sur les échanges de Coinbase et « avait une connaissance détaillée et avancée » du calendrier de ces inscriptions. Il était membre d’un canal de messagerie privé de la compagnie, qui n’était pas partagé par tous les employés de Coinbase, mais réservé à un petit nombre de collaborateurs directement impliqués dans le processus de listage de ces actifs sur la plateforme.

À au moins 14 reprises entre juin 2021 et avril 2022, ce responsable a eu connaissance à l’avance du calendrier d’inscription de ces actifs. Il a « détourné ces informations confidentielles en avertissant soit son frère, soit son ami […] afin qu’ils puissent effectuer des transactions sur ces actifs cryptographiques avant les annonces publiques de Coinbase », selon le procureur.

Après la cotation publique des actifs, Nikhil Wahi et Sameer Ramani les vendaient avec profits, générant 1,5 million de dollars de gains virtuels. Ils ont ensuite transféré ces actifs sur de multiples portefeuilles anonymes libellés en ethereums, la monnaie virtuelle la plus répandue après le bitcoin.

Le stratagème a été mis au jour en avril, et les autorités ont été alertées lorsqu’un message a signalé sur Twitter qu’un portefeuille d’ethereums avait acheté pour des milliers de dollars de jetons 24 heures avant que ceux-ci soient — normalement exclusivement — cotés sur Coinbase.

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