Un marché immobilier au ralenti, à Montréal comme ailleurs 

Dans la grande région de Montréal, tout comme dans le reste de la province, une tendance à la baisse des ventes résidentielles se confirme.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Dans la grande région de Montréal, tout comme dans le reste de la province, une tendance à la baisse des ventes résidentielles se confirme.

La surenchère sur le marché immobilier combinée à la hausse des taux d’intérêt et à l’inflation galopante devrait réduire la demande des acheteurs dans les prochains mois, à Montréal comme ailleurs dans la province. Une situation qui pourrait mener à un ralentissement de la croissance des prix, voire à une diminution de ceux-ci, selon deux experts consultés par Le Devoir.

Dans la grande région de Montréal, tout comme dans le reste de la province, une tendance à la baisse des ventes résidentielles se confirme. Dans la métropole, celles-ci ont diminué de 13 % au deuxième trimestre de l’année en cours par rapport à la même période en 2021, lorsque les ventes avaient été gonflées par l’exode en banlieue dans le contexte pandémique, selon de nouvelles données de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) publiées mardi.

Malgré cet essoufflement de la demande, les prix médians des maisons unifamiliales et des copropriétés ont continué de grimper, de 15 et de 14 % respectivement, pendant la période étudiée. « Il y a encore pas mal de surenchère sur le marché, notamment dans les centres qui sont les plus en surchauffe, comme Montréal, Gatineau et la plupart des régions périphériques de la région de Montréal », constate ainsi en entrevue le directeur du service de l’analyse du marché à l’APCIQ, Charles Brent.

« Il y a un ralentissement marqué des activités, mais qui ne se répercute pas encore sur les prix », relève également Marc Lefrançois, qui est courtier immobilier pour Royal LePage. L’entreprise indique ainsi, dans une analyse publiée mercredi, que le prix des propriétés dans la grande région de Montréal devrait augmenter de 12,5 % d’ici au quatrième trimestre de 2022, comparativement au même trimestre de 2021. Cette variation n’est toutefois que de 2,5 % entre le premier trimestre de 2021 et la même période cette année.

Le vent pourrait d’ailleurs être en voie de tourner à la faveur des acheteurs, dans un contexte inflationniste qui devrait inciter mercredi la Banque du Canada à augmenter son taux directeur de 0,75 %. « On approche d’une certaine stabilisation des prix », croit M. Brent, qui estime que la hausse des taux d’intérêt à venir « va vraiment avoir un effet de ralentissement sur le marché » immobilier. Dans les grandes régions de Toronto et de Vancouver, Royal LePage a d’ailleurs révisé à la baisse ses prévisions quant à la hausse des prix entre le quatrième trimestre de 2021 et la fin de l’année en cours, qui passent respectivement de 16,5 % à 3 % et de 15 % à 5 %. Le tout dans un contexte où « l’assouplissement de la demande a donné lieu à une diminution des prix sur une base trimestrielle », indique un communiqué de l’agence immobilière obtenu sous embargo.

Marge de manoeuvre

 

Ainsi, les acheteurs peuvent espérer avoir plus de marge de manoeuvre dans leurs démarches pour acquérir leur future propriété. « Au-dessus d’un million [pour l’achat d’une propriété], on sent vraiment un ralentissement net » de la demande, confirme M. Lefrançois. « Au lieu d’avoir 40 visites, on en a sept ou huit », ce qui limite les risques de surenchère, dit-il.

Selon M. Brent, les prix des propriétés pourraient à terme diminuer de 5 à 15 % dans la région de Montréal et « certains marchés de villégiature ». « Ce n’est pas impossible qu’on voie une légère baisse des prix », note également Marc Lefrançois, qui s’attend toutefois à un « marché stable » à Montréal, du moins à court terme.

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