Les salaires sont en train de rattraper l’inflation
La hausse des salaires se rapproche de plus en plus de celle du coût de la vie.
En accélération constante depuis quelques mois, l’augmentation du salaire horaire moyen est passée de 5,7 % à 6,9 % sur un an, le mois dernier, au Québec, a rapporté vendredi Statistique Canada en dévoilant les résultats de sa plus récente Enquête sur la population active.
La hausse des salaires reste moins marquée dans l’ensemble du Canada, mais s’est quand même renforcée le mois dernier à raison d’une augmentation qui est passée de 3,3 % à 3,9 %.
Ce phénomène marque un rattrapage graduel des salaires sur la montée de l’inflation des derniers mois, l’indice des prix à la consommation (IPC) ayant affiché une hausse de 6,8 % au mois d’avril, tant au Québec qu’au Canada.
Il est possible et même probable que cette augmentation du coût de la vie ait dépassé les 7 % le mois dernier, ont estimé plusieurs économistes qui pensent qu’ensuite, le phénomène pourrait commencer à s’atténuer.
Ce rattrapage des salaires sur l’inflation est le signe que la pénurie de main-d’œuvre oblige de plus en plus les employeurs à desserrer les cordons de leurs bourses, a observé Statistique Canada, mais aussi que les travailleurs sont en train de se déplacer vers les emplois les plus payants.
Travailleurs demandés
Du côté du marché du travail, le mois de mai a été marqué par une modeste augmentation du nombre total d’emplois (+40 000, ou 0,2 %) au Canada, en dépit d’un recul marqué dans le secteur de la fabrication (-43 000, ou 2,4 %, au Canada et - 7700, ou 1,5 %, au Québec).
Cela s’est traduit par une petite baisse du taux de chômage, qui était déjà à son niveau le plus bas depuis au moins 1976, de 5,2 % à 5,1 %.
De 1,2 pour 1, la proportion de chômeurs par rapport au nombre de postes vacants est désormais à un creux historique, rapporte Statistique Canada sur la base de son enquête réalisée du 15 au 21 mai.
Pendant ce temps, le nombre d’emplois a peu varié au Québec, les hausses observées dans le travail à temps plein étant contrebalancées par une baisse dans le travail à temps partiel. Mais comme plus de personnes se sont mises à chercher un emploi, le taux de chômage est passé de son plancher historique de 3,9 % à 4,2 %.
Ces modestes mouvements mensuels cachent une forte augmentation du nombre d’emplois dans le secteur public (+10,7 %) depuis le début de la pandémie, contre une hausse plus réduite dans le secteur privé (+2,2 %) et une baisse marquée du nombre de travailleurs autonomes (-6,6 %).
Au Québec, on parle même d’une augmentation de 15 % de l’emploi dans le secteur public de mai 2019 à mai 2022, alors que le secteur privé a fait du surplace, a observé vendredi l’Institut du Québec dans une brève analyse.
Certains secteurs ont particulièrement eu du mal ces dernières années, dont celui de l’hébergement et de la restauration, où l’on a perdu plus de 25 % des emplois.
L’effet conjugué de la pénurie de main-d’œuvre et de ce mouvement des travailleurs vers les secteurs offrant de meilleures conditions de travail explique sans doute que de mars 2019 à mars 2022, les employés récemment embauchés ont enregistré une croissance des salaires (+16,5 %) supérieure à celle de l’inflation (10 %), note Statistique Canada.
À l’inverse, les salaires offerts pour les postes vacants n’ont augmenté que de 5,3 %, ce qui explique qu’ils le soient restés, mais qui trahit aussi la capacité limitée de certaines entreprises à en faire plus.
Ce contexte s’annonce favorable pour les étudiants qui voudront travailler cet été au Canada.
Les salaires horaires qui leur étaient offerts le mois dernier étaient déjà 5,7 % plus élevés qu’à la même période l’an dernier, contre une moyenne pour l’ensemble des travailleurs de 3,9 %.
Tous ces nouveaux chiffres ne feront que conforter la Banque du Canada dans son intention de relever ses taux d’intérêt le plus vite possible pour calmer une économie qui lui apparaît en surchauffe et ramener l’inflation à sa cible de 2 %, a estimé vendredi, dans une brève analyse, Benjamin Reitzes, économiste à la Banque de Montréal.