Delta Air Lines relance la guerre des prix
New York — La compagnie aérienne américaine Delta Air Lines a relancé la guerre des prix dans le ciel américain, ravivant les craintes pour la survie d'un secteur en crise perpétuelle depuis les attentats du 11 septembre.
Delta Air Lines, qui a évité la faillite en novembre à l'issue d'un accord de réduction des coûts trouvé avec son personnel, a annoncé hier une «simplification» de ses tarifs sous la forme d'une baisse pouvant atteindre 50 % des prix de tous ses vols intérieurs. Ainsi un aller simple en classe économique, aux États-Unis, ne pourra pas coûter plus de 499 $US.Une mesure qui fait partie des efforts de restructuration et d'amélioration de la qualité de service annoncés en septembre par le groupe. L'objectif est de fidéliser une clientèle qui peut être attirée par les compagnies à bas prix («low-cost») comme Southwest et JetBlue, qui connaissent une popularité croissante aux États-Unis et sont les seules à enregistrer des bénéfices dans le secteur, face aux compagnies traditionnelles qui luttent pour leur rentabilité et ont perdu depuis trois ans des milliards de dollars.
L'annonce de Delta Air Lines a entraîné toutes les valeurs du secteur dans le rouge depuis lundi. Hier à la Bourse de New York, les titres des compagnies traditionnelles Delta, Continental, Americain Airlines et Northwest accusaient un recul entre 9 et 12 %, tandis que JetBlue et Southwest baissaient beaucoup plus modérément de 0,5 à 1 %.
Cette baisse des prix fait écho à celle annoncée récemment par American Airlines, qui a modifié ses offres pour le sud de la Floride, afin de défendre sa position sur Miami.
Selon plusieurs analystes, la baisse tarifaire sur tous les vols domestiques décidée par Delta risque de relancer une guerre des prix du secteur, forçant les compagnies traditionnelles à se rapprocher des tarifs des «low-cost». Ce qui fait planer des inquiétudes pour les compagnies traditionnelles, sachant que celles-ci doivent déjà faire face à la pression des prix du pétrole, un marché américain difficile et des coûts de fonctionnement trop élevés.
Si Delta a récemment évité la faillite, Continental est aujourd'hui dans une situation critique, tandis qu'US Airways tente de s'extraire de la faillite dans laquelle il est tombé pour la deuxième fois depuis 2001.
La banque d'affaires Merrill Lynch, qui a abaissé hier ses recommandations sur American Airlines, Northwest et Delta, juge «probable» l'adoption par les autres compagnies traditionnelles d'offres tarifaires similaires. Un scénario «qui pourrait signifier une baisse annuelle de deux à trois milliards de dollars du chiffre d'affaires sur la base d'un chiffre d'affaires des vols domestiques de 70 milliards en 2004».
Conséquence directe et probable de la nouvelle offre de Delta Air Lines, «la fin d'US Airways qui recoupe 60 % du marché domestique de Delta», avertit la banque dans une note d'analyse, ce qui pourrait par ailleurs «être positif pour le secteur».
«Les clients ayant de plus en plus recours aux "low-cost", ils sont également plus demandeurs d'offres tarifaires simples», explique pour sa part une note de la banque Calyon Securities.
Northwest, compagnie qui a dû négocier avec ses personnels en vue de réduire ses coûts, a pour sa part averti hier que «l'initiative» de Delta, si elle se généralise, aura immédiatement un effet significatif et défavorable «sur le chiffre d'affaires du secteur», à commencer par le sien.