TIW est de nouveau en difficulté
La vaste restructuration financière complétée au début de 2002 n'a pas suffi. Telesysteme Mobiles International (TIW) a lancé un nouvel avertissement hier. Faisant face à de nouvelles échéances serrées de remboursement de sa dette, l'entreprise de téléphonie cellulaire n'est pas certaine qu'elle sera en mesure de poursuivre ses activités à titre d'entreprise active.
Ce qui fut jadis l'entreprise phare du holding de Charles Sirois se retrouve une nouvelle fois dans un face-à-face avec ses créanciers. L'avertissement est venu trois mois, à peine, après que TIW eut complété une vaste restructuration financière lui ayant permis de réduire de 700 millions $US sa dette totale. Le tout a été accompagné d'une importante recapitalisation ayant entraîné une forte dilution des droits de vote de Télésystème, entreprise holding détenue par Charles Sirois.Au 30 juin dernier, les liquidités consolidées ne se chiffraient plus qu'à 94,4 millions $US, dont 34,9 millions au niveau de TIW. L'endettement consolidé se chiffrait à 957,9 millions $US, dont 295,8 millions au niveau du holding et 662 millions $US répartis entre deux filiales restantes de TIW, en Roumanie et en République Tchèque.
L'endettement de TIW prend la forme d'une facilité de crédit bancaire de 74 millions $US et de 221 millions $US en billets garantis de premier rang, portant un taux d'intérêt de 14 % et échéant en décembre 2003. «Le 2 juillet 2002, l'échéance de la facilité de crédit a été reportée au 15 septembre 2002 et elle pourrait être reportée au 15 décembre 2002, au choix de la Société, sous certaines conditions dont l'octroi de titres additionnels», a expliqué TIW dans son communiqué.
«En considérant l'échéance à court terme de la facilité de crédit, les obligations en liquidités engagées de la Société pour les 12 prochains mois excèdent les sources de fonds engagées et l'encaisse. En conséquence, il n'est pas certain que la Société sera en mesure de poursuivre ses activités à titre d'entreprise active. La Société continue à examiner les possibilités de refinancer sa facilité de crédit générale ou d'en modifier les modalités, de réunir de nouveaux fonds et de vendre des actifs», a-t-elle pris soin de souligner.
L'insuffisance de fonds peut s'illustrer ainsi. Au premier semestre, clos le 30 juin 2002, les activités d'exploitation ont généré 57,3 millions $US mais l'utilisation des fonds a été de 86 millions pour la même période. À cela il faut ajouter les liquidités de 107 millions drainées par les activités d'investissement au cours du premier semestre, affectées à l'expansion des réseaux cellulaires en Roumanie et en République Tchèque. Les seules liquidités en excédent sont venues des activités de financement, sous la forme d'un produit net résultant de la recapitalisation et d'un accroissement de la dette à long terme.
Cet avertissement a été accompagné du dévoilement des résultats financiers de TIW. Ainsi, l'entreprise a inscrit une perte nette de 50,2 millions $US au premier semestre 2002, contre une perte de 369,5 millions $US au semestre correspondant de 2001. Les données de 2002 reflètent la détérioration de ses marchés au Brésil qui ont entraîné, au cours du deuxième trimestre, une perte provenant des activités non poursuivies de 129,6 millions $US. Le 5 mars dernier, TIW a adopté un plan de 12 mois pour se départir de ses opérations de téléphonie cellulaire dans ce pays d'Amérique du Sud. Les données de 2001 tiennent compte de l'impact de la radiation de la filiale britannique Dolphin.
Seule source de réjouissance pour la direction de TIW: la performance de ses filiales roumaine et tchèque, MobiFon et Cesky Mobil, qui ont augmenté respectivement de 60 et de 98 % le nombre de leurs abonnés au deuxième trimestre. Ces dernières ont contribué à une hausse des revenus d'exploitation, soit à 295,1 millions $US au premier semestre de 2002, comparativement à 217,7 millions $US à la période correspondante l'an dernier.
Outre la mise en vente de ses éléments d'actif brésiliens, le coeur de la restructuration de TIW reposait sur la radiation de son placement dans l'entreprise britannique Dolphin. Cette dernière coiffait une dette non garantie de 1,1 milliard $US lorsqu'elle s'est placée sous la protection de la loi sur les faillites, en juillet 2001. TIW, qui coiffait alors une dette consolidée de quelque 2,1 milliards $US, avait investi 750 millions $US dans cette filiale en difficulté.
Quant à la recapitalisation de TIW, complétée en mars 2002 après neuf mois de tractations, elle reposait essentiellement sur une reconversion de la dette en titres de participation, en billets garantis et en débentures, convertibles ou participatives. Le tout étant accompagné de l'obligation d'affecter le produit net de la vente d'actif au remboursement des billets garantis de premier rang.