Au-delà de Facebook, Apple s’attaque aux régies publicitaires

Apple revient à la charge avec ses outils de protection des données numériques privées. Le fabricant d’iPhone et de Mac lance une nouvelle campagne mondiale pour rappeler aux propriétaires d’un iPhone ou d’un Mac d’activer des mesures de protection qui ont déjà coûté 12 milliards $US à Facebook, mais qui ciblent également les nombreuses autres régies de publicité en ligne.
Non sans ironie, c’est via une campagne publicitaire qui débute aujourd’hui qu’Apple souhaite rappeler à ses nombreux clients partout dans le monde de la présence sur ses appareils d’outils de défense contre le suivi de leurs activités mobiles ou en ligne. La campagne énumère les différents moyens dont disposent les éditeurs de sites Web et d’applications mobiles pour suivre les internautes aussi bien sur la Toile que dans le vrai monde : données de géolocalisation sur mobile, sites Web visités, nature des achats en ligne ou faits à partir d’un portefeuille numérique, éléments de contenu tirés de la messagerie texte ou de la boîte courriel…
Toutes ces informations mises ensemble en disent parfois très long sur les activités et les habitudes du public. Certaines régies ou agences publicitaires se spécialisent dans la collecte et le regroupement de ces différentes sources de données privées pour mieux cibler individuellement les consommateurs qu’ils vont ensuite inonder de publicités.
Bien des gens soupçonnent leur téléphone d’écouter leurs conversations quand ils voient sur un site Web une publicité pour un produit dont ils viennent de discuter l’achat avec leur douce moitié. Ces gens ne savent pas qu’il suffit de croiser une ou deux de ces sources de données numériques pour produire un profil très détaillé de leurs goûts et de leurs besoins.
Ciblage publicitaire
Sans nommer d’entreprise en particulier, Apple indique que sa campagne cible les agences en ligne qui échangent de telles données pour du ciblage publicitaire. Or, les deux plus importantes entreprises dans ce secteur sont Google et Facebook. Il en existe toutefois plusieurs dizaines, certaines spécialisées dans le pistage publicitaire dans des applications, d’autres dans des jeux vidéo, d’autres encore sur les sites Web.
Apple rappelle donc que les réglages introduits sur ses téléphones et des appareils informatiques l’automne dernier permettent aux internautes de se prémunir contre un tel pistage. Ses appareils mobiles peuvent fournir une localisation approximative. Leur boîte de courriel masque l’adresse Internet de l’utilisateur en plus de désactiver les indicateurs de lecture des messages. Sa messagerie texte est chiffrée de bout en bout et ne peut être consultée par un tiers…
Il s’agit évidemment d’une campagne publicitaire qui vise à promouvoir les produits de la marque californienne, mais de voir Apple redoubler d’efforts dans ce créneau tend à démontrer que ces outils sont prisés par leurs utilisateurs. Chose sûre, leur impact est bien réel : dans la présentation de ses résultats financiers en début d’année, la direction de Meta, la société mère de Facebook, avait admis que les outils de protection mis en place par Apple allaient lui faire perdre 12 milliards $US en revenus publicitaires cette année.
Android sur les traces de l’iPhone
Cet accent mis par Apple sur la protection des données générées par ses clients est stratégique : l’iPhone a un coup d’avance sur ses rivaux à système Android en la matière. Mais ce n’est qu’une question de temps avant que les téléphones vendus par Google, Samsung et les autres adoptent des outils similaires.
À l’occasion de sa conférence Google IO la semaine dernière, Google a justement présenté une première série d’outils destinée aux créateurs d’applications pour Android qui visent à mieux encadrer la collecte de données faites par ces applications. Google joue sur les deux tableaux puisqu’en plus de produire le logiciel mobile Android, le plus populaire sur les sans-fil à l’échelle mondiale, l’entreprise de Mountain View en Californie est aussi la plus grosse régie publicitaire en ligne.
Les propriétaires d’un appareil Android qui espèrent avoir un contrôle complet sur la collecte de leurs données qui est faite sur leur mobile devront toutefois s’armer de patience : Google se donne « quelques années » pour déployer sa propre suite d’outils de protection.
Ce qui, manifestement, permet à Apple d’avoir l’avantage à ce chapitre et de s’en vanter sans aucune gêne dans ses campagnes publicitaires…