Brésil - L'aggravation de la crise conduit Cardoso à négocier un pacte de transition
Rio de Janeiro — L'aggravation de la crise financière au Brésil, en dépit de l'aide record du FMI, a conduit le président Fernando Henrique Cardoso à inviter les quatre principaux candidats en lice pour la présidentielle d'octobre à négocier un pacte de transition.
La rencontre d'urgence du président Cardoso avec les candidats aura lieu demain à Brasilia, à des horaires différents pour chacun d'entre eux.Le gouvernement est convaincu que l'aggravation de la crise financière est due avant tout aux incertitudes liées aux élections d'octobre, les deux candidats les mieux placés dans les sondages appartenant à des formations d'opposition.
Le candidat de la continuité économique et donc le préféré des marchés, José Serra, dauphin du président Cardoso et comme lui du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), a reculé de sept points dans les sondages, avec 11 % des intentions de vote. Il se trouve maintenant à égalité avec le dernier, Antony Garotinho, ex-gouverneur de Rio, du Parti socialiste brésilien (PSB).
Le candidat du Parti des travailleurs (PT, socialiste), Luiz Inacio «Lula» da Silva, redouté par les marchés pour avoir prêché le moratoire sur la dette dans le passé, obtient quant à lui 33 % et son adversaire le plus proche, le populiste Ciro Gomes (centre-gauche), 27 %.
Le gouvernement espère obtenir des candidats qu'ils s'engagent à respecter l'accord avec le FMI afin de garantir notamment la réouverture des lignes de crédit aux entreprises privées brésiliennes. Le secteur privé, qui a des remboursements de 13,3 milliards de dollars à effectuer d'ici la fin de l'année, ne trouve plus de financements extérieurs, ce qui a obligé le gouvernement à annoncer, la semaine dernière, l'ouverture d'une ligne de crédit provisoire aux exportations pour tenter de pallier ce manque de financements. C'est ce manque de crédits extérieurs aux entreprises brésiliennes — qui ne réussissent pas à renégocier leurs dettes en dépit de l'accord avec le FMI — qui fait pression sur le réal (car elles achètent le dollar à n'importe quel prix), selon les analystes.
Le ministre brésilien des Finances, Pedro Malan, s'est déclaré certain hier, alors que les marchés replongent dans le pessimisme, que le Brésil allait sortir de la crise. «Je n'ai aucun doute [sur la capacité] du Brésil à renverser la vapeur», a affirmé Malan.
Malan n'a pas voulu commenter le fait que l'agence de notation financière Moody's ait baissé la note plafond de la dette en devises du Brésil, en raison des défis budgétaires qui attendent le nouveau gouvernement qui sortira des élections. «Cela n'a aucun sens de commenter les décisions d'une agence de "rating"», a-t-il affirmé. Néanmoins, cet abaissement de la note a contribué à augmenter hier matin la nervosité des marchés.
L'euphorie qui s'était emparée des marchés brésiliens jeudi, au lendemain de l'annonce d'un prêt de 30 milliards de dollars au Brésil, s'était atténuée dès vendredi en raison de l'incertitude sur l'issue des élections. Hier, le réal continuait à chuter, coté à 3,24 le dollar en fin de matinée, en retrait de 3,2 % par rapport à la veille. Le risque pays du Brésil restait stable par rapport à la veille, affichant 2221 points. Le Brésil se trouve à la troisième place des pays les moins recommandés du monde pour investir, derrière seulement l'Argentine et le Nigeria. La Bourse fonctionnait quant à elle en hausse de 1 %, dans le sillage des Bourses américaines, après avoir ouvert à la baisse et reculé lundi de 2,6 %.