Rio Tinto se tourne vers le gaz naturel renouvelable

La multinationale compte aussi avoir recours au biocharbon et à l’hydrogène pour réduire son empreinte carbone.
Photo: Jacques Grenier Archives Le Devoir La multinationale compte aussi avoir recours au biocharbon et à l’hydrogène pour réduire son empreinte carbone.

Pour réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, le complexe métallurgique de Sorel-Tracy de Rio Tinto Fer et Titane intègre le gaz naturel renouvelable à son portfolio énergétique. La multinationale compte aussi avoir recours au biocharbon et à l’hydrogène pour réduire son empreinte carbone.

Rio Tinto Fer et Titane (RTFT) a récemment conclu une entente avec Énergir pour acquérir annuellement un million de tonnes de mètres cubes de gaz naturel renouvelable, qui est notamment produit par la dégradation des matières organiques résiduelles. Depuis mars 2022, la multinationale le combine au gaz conventionnel afin d’alimenter ses fours rotatifs, ses réacteurs et son aciérie.

RTFT estime pouvoir réduire ses émissions de près de 1900 tonnes d’équivalent CO2 par année ; elle en a émis 921 772 tonnes en 2020, selon les données du registre québécois des émissions de GES.

Ce virage vers le gaz naturel renouvelable n’est qu’un début, assure Didier Arseguel, vice-président Technologie chez RTFT. Le complexe de Sorel-Tracy et celui de Richards Bay Minerals, en Afrique du Sud, envisagent l’utilisation de biocharbon produit à partir de résidus forestiers. « On est en train de créer et de développer la filière d’approvisionnement en biocharbon », indique M. Arseguel. Des tests en laboratoire et en usine ont été effectués. D’autres suivront dès septembre. Le but : évaluer la pureté et la qualité du carburant, ainsi que la réaction des réacteurs des usines.

La maison mère de RTFT, Rio Tinto, a d’ailleurs participé à la plus récente étape de financement de 200 millions de dollars américains d’Aymium, un producteur de biocharbon pouvant remplacer les combustibles fossiles dans la production de métaux.

L’hydrogène suivra

La multinationale compte aussi ajouter à terme l’hydrogène à son arsenal. « On produit du gaz CO2, qu’on recycle. On va partir de cela et le faire évoluer vers l’hydrogène », note M. Arseguel. Le vecteur énergétique « serait utilisé en complémentarité au biocharbon », en amont des procédés de transformation de RTFT.

À quand l’utilisation de l’hydrogène dans le procédé de l’usine de Sorel ? M. Arseguel ne veut pas se prononcer : « On va dire qu’on travaille très fort et qu’on a tout fait pour atteindre nos objectifs, soit réduire de 50 % nos émissions d’ici 2030. »

Ces différentes avenues cohabiteront. « Dire qu’on va avoir un remède miracle [pour répondre aux besoins énergétiques de nos installations], ça, je n’y crois pas », dit-il, avançant que chacune de ces sources d’énergie a ses caractéristiques. « Le potentiel de réduction du gaz naturel renouvelable [pour nos activités] se situe entre 10 % et 15 %, alors que celui du biocharbon est supérieur. »

En octobre dernier, Rio Tinto s’est engagé à réduire de 15 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 et de 50 % d’ici 2030 afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

« Soyons clairs, ce sont des objectifs extrêmement ambitieux, ce n’est pas facile », dit-il, précisant que la stratégie de l’entreprise combine à la fois le changement de combustibles et l’efficacité énergétique. Rio Tinto a annoncé un investissement de 7,5 milliards de dollars américains pour réduire ses émissions entre 2022 et 2030.

L’entreprise n’est pas le seul géant du secteur à délaisser graduellement les hydrocarbures. Le Devoir rapportait la semaine dernière qu’Arcelor Mittal veut se tourner vers l’hydrogène pour réduire ses émissions. Pour ce faire, la multinationale, qui a une usine à Contrecœur, demande l’aide financière de Québec.

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