Le lien entre Wall Street et la consommation est exagéré
New York — Les ménages américains voient la valeur de leurs portefeuilles en actions fondre et leur endettement augmenter, mais cela ne signifie pas pour autant qu'ils vont limiter leurs dépenses, a estimé hier François Velde, économiste senior à la Réserve fédérale de Chicago.
Pendant les années fastes de la fin de décennie 1990, les consommateurs n'avaient pas augmenté leurs dépenses au même rythme que la hausse de leur richesse nette, a-t-il rappelé lors d'une interview à Reuters. Cela laisse entendre que l'impact de la diminution de la richesse des ménages pourrait également être limité.«Les grandes variations de richesse pour une bonne part dues à la Bourse ne semblent pas avoir eu d'effets importants sur la consommation», a déclaré Velde après la publication d'une lettre en ce sens signée de son nom sur le site Web de la Fed de Chicago. «C'est presque comme si les ménages n'avaient pas considéré cette hausse de Wall Street pour argent comptant pour régler le rythme de leur consommation. De la même manière dans l'autre sens, la diminution de la richesse nette des ménages pourrait ne pas avoir beaucoup d'effet [sur la consommation]», a-t-il ajouté.
«La hausse de l'endettement des ménages pourrait être une bonne chose et signaler une amélioration de l'accès au crédit», écrit-il dans son rapport. Cela signifie que les ménages étalent mieux leurs dépenses dans le temps, les chocs boursiers ayant donc moins d'impact sur leurs habitudes que par le passé.
L'essentiel de la hausse est due au crédit immobilier. Les économistes estiment que l'essor du secteur du logement a contrebalancé l'impact de la chute de Wall Street. Environ 80 % des Américains ont davantage d'argent placé dans l'immobilier qu'en Bourse.
Les dépenses des ménages, qui représentent les deux tiers de l'activité économique américaine, ont soutenu la reprise difficile depuis la récession de 2001. Les entreprises hésitent encore à embaucher et à investir et certains économistes craignent qu'une diminution des dépenses des ménages entraîne une nouvelle récession.