Peu de travailleurs directement menacés par la transition verte

La transition vers des emplois plus verts se traduirait par un gain net pour les travailleurs, même lorsque l’on tient compte de tous les autres facteurs, comme le degré de qualification ou l’âge.
Getty Images iStockphoto La transition vers des emplois plus verts se traduirait par un gain net pour les travailleurs, même lorsque l’on tient compte de tous les autres facteurs, comme le degré de qualification ou l’âge.

Les travailleurs les plus directement affectés par la transition vers une économie verte sont relativement peu nombreux, mais auront besoin de toute l’aide possible pour parvenir à se trouver d’autres secteurs d’activité moins polluants, rapporte une étude du Fonds monétaire international (FMI).

Les efforts visant à limiter le réchauffement climatique se butent souvent à la question de ce qu’on fera des travailleurs des domaines dont les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont les plus fortes, constatent des chercheurs du FMI dans une analyse dévoilée mercredi et tirée de la prochaine édition de ses Perspectives de l’économie mondiale.

« C’est une chose de convenir qu’on doit prendre nos distances des énergies fossiles. Mais comment les travailleurs des mines de charbon sont-ils censés, disons, se retrouver des emplois comme installateurs de panneaux solaires ? » ont demandé dans un blogue deux d’entre eux.

Il faut commencer par remettre les choses en perspectives, disent les auteurs du chapitre analytique, qui s’étend sur une vingtaine de pages. Si, collectivement, les pays tenaient parole et parvenaient à limiter le réchauffement climatique à environ 1,5 °C, pas plus qu’environ 1 % de l’ensemble des emplois seraient directement touchés, en moyenne, au cours des dix prochaines années et dans chacune des économies développées.

Les travailleurs touchés se trouveraient principalement dans les secteurs à fortes émissions de GES, notamment l’énergie, les mines et le domaine manufacturier.

Ils n’auraient pas nécessairement à se trouver des emplois dans les secteurs verts puisque ce grand déplacement professionnel pourrait se faire comme un jeu de chaise musicale, où des travailleurs des secteurs les plus polluants se replaceraient dans des secteurs moins polluants alors que des travailleurs de ces secteurs se trouveraient des emplois dans les secteurs verts.

À 1 %, ce transfert d’emplois serait bien plus modeste que celui auquel on assiste depuis le milieu des années 1980, du secteur manufacturier vers celui des services, et qui se fait au rythme de 4 % de la main-d’œuvre par décennie. Il se ferait dans le contexte où, bon an mal an, une moyenne de 8 % des travailleurs changent d’emploi.

Cela se traduirait par un gain net pour les travailleurs, les revenus étant en moyenne 7 % plus élevés dans les secteurs verts que dans les secteurs les plus polluants, même lorsqu’on tient compte de tous les autres facteurs, comme le degré de qualification ou l’âge.

Accélérer le transfert de travailleurs

 

Et pourtant, ce transfert ne viendra pas tout seul, indiquent les experts du FMI. Les travailleurs des secteurs verts, comme ceux des secteurs polluants, bénéficient d’une plus grande stabilité et d’une plus grande sécurité d’emploi que les autres. La main-d’œuvre dans les industries vertes tend aussi à être plus qualifiée et plus urbaine que celle des industries polluantes, bien qu’on voie souvent, notamment aux États-Unis, les deux secteurs prospérer côte à côte dans plusieurs régions.

Cela a pour effet que chaque année, seulement 4 % à 7 % des travailleurs des secteurs les plus polluants qui se cherchent un nouvel emploi s’en trouvent un dans les secteurs verts. Cette transition vers les industries vertes est à peine plus grande (9 % à 11 %) pour la masse de travailleurs qui se trouvent entre ces deux pôles.

Dans ce contexte, il n’y a pas que le climat qui a besoin que les gouvernements accélèrent leurs politiques de transition vers une économie verte, il y a aussi les travailleurs des industries qui seront les plus affectées, disent les experts, qui proposent un plan à quatre volets.

D’abord, appliquer une tarification du carbone suffisante pour envoyer à tous un message économique clair. Prendre garde également à ce que les programmes d’aide aux entreprises et aux travailleurs qui traversent des moments difficiles ne favorisent pas le statu quo dans les industries les plus polluantes, mais plutôt la transition verte.

On pense à l’investissement dans les infrastructures et la recherche. Les auteurs suggèrent aussi l’instauration de programmes de formation et de requalification, ainsi que d’incitatifs fiscaux spécialement destinés aux travailleurs des secteurs les plus polluants qui seraient portés à tenter leur chance ailleurs.

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